Book Title: Collected Articles Of LA Schwarzschild On Indo Aryan 1953 1979
Author(s): Royce Wiles
Publisher: Australian National University

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Page 71
________________ 70 ANNÉE 1962 et c'est cela qui explique probablement pourquoi R. Pischel a rejeté d'un seul coup la théorie de l'analogie toute entière. Il n'y a pas eu de changement systématique d'un -n final en -m dans les thèmes verbaux, ni par des règles phonétiques extraordinaires comme le supposaient S. Goldschmidt et un peu Pischel, ni par l'analogie, comme le supposait Johans son. On doit donc chercher ailleurs l'explication de dummai, ghummai et des autres mots de notre liste. Johansson a tenté d'expliquer le verbe prakrit dummai e se désespérer », par les changements analogiques qu'aurait subis le verbe sanskrit dubrûler ». Mais il n'y a aucune ressemblance entre dummai et le verbe passif summai, tiré de śru- entendre ». Les formes intermédiaires manquent totalement. La consonne géminée de dummai ne semble nulle part jouer le rôle d'un morphème du passif comme dans summai; c'est dummijjai qui sert de passif (chez Hala). Il faut donc rejeter l'étymologie dummai < du- briller». Le participe passé dummia désespéré qu'on trouve chez Hala est fréquent en prakrit et en apabhramsa et c'est probablement la forme la plus ancienne du verbe dummai. Pour l'expliquer il faut partir du mot sanskrit durmanas prakrit dummana qui a l'esprit malheureux, solution qu'avait déjà entrevue Weber (14), mais sans s'y fier. En prakrit on avait cessé de considérer dummapa comme un composé de manas esprit : dummana ressemblait plutôt à de nombreux adjectifs verbaux en -ana tirés du sanskrit. Les adjectifs en -apa, suffixe actif, s'opposaient nettement au participe passif : karana qui fait jalana qui brûle », harana qui emportes, karia fait »; jalia brûlé; haria emporté On a interprété dummana comme un adjectif verbal et de là on a tiré un participe passé dummia attristé, et un verbe dummai se désespérer». Une série complète de doublets phonétiques porte preuve à cette interprétation pouvait tomber devant une consonne en allongeant la voyelle précédente (Pischel, § 62). On trouve donc dumana (ardhamagadhi), d'où dümia attristé et dumai se désespérer (mähärästri). Churn-n'était pas un mot hérité en sanskrit, et son origine dravidienne l'exposait à des changements extraordinaires, puisqu'il n'avait pas d'appui dans la langue. En outre -nn- n'existait quasiment pas en prakrit comme finale de thème verbal. Le participe passé ghummia qui devait remplacer ghunnia<ghürgita agité a été créé à l'imitation de dummia attristé dont on se servait à côté de dunnia du, brûlé, affligé ». -122 GHUMMIRA, CHOLIRA AGITÉ, BRANLANT. 71 Ghummia (ardha-migadhi) est donc la forme la plus ancienne du verbe ghumm- et c'est de ce participe passé qu'on a tiré le présent ghummai branler », si commun en mähäräştri. Les deux verbes ghummai et dummai restaient liés étroitement en moyen indo-aryen et ils devaient se rapprocher peu à peu dans leur sens : en apabhraméa dummia signifiait troublé», agité» (au sens figuré), et plus tard, en hindi moderne damnä * s'agiter, branler est devenu à peu près synonyme de ghümma branler, tourbillonner ». Khummily)a plié paralt en ardha-magadhi. Ce mot ne se laisse guère séparer du participe passé khunna opprimé, écrasé (du sanskrit kunna <√ksud-): comme ghummiya, khummia a été créé sous l'influence de dummia attristé: dunnia, dana brûlé, affligé a. De khummia l'on a tiré un verbe nouveau khummia « écraser » qui se trouve chez les grammairiens tardifs Ramafarman Tarkavägisa et Märkandeya. Il n'y a aucun doute que ce mot ait existé dans la langue parlée, car il a survécu dans les langues modernes, parfois au sens figuré, ef. nepali khumcinu se rétrécir, être déprimé (Turner, Nepali Dic tionary, p. 24). Ces trois mots en -umm- si étroitement liés par leur origine, ont été rejoints par pummai voir (apabhramsa) d'origine obscure, et par cumbati embrasser devenu cummai par assimilation de la consonne b. Cummai n'est connu que dans le moyen indo-aryen très tardif (Präkṛtapaingala, Ramasarman Tarkavägisa) et dans les langues modernes (hindi cumnd, panjabi cummad, etc.). Probablement vers la même époque lambate lambai se pencher, sombrer» est devenu lammai par l'assimilation du b, (cf. les dérivés, hindi lamaknd, etc.). Ce mot ressem blait trop au groupe dummai s'affliger, etc., pour ne pas en subir l'influence, et au lieu de lammai l'on devait done dire "lummai, qui a survécu surtout au sens de « faiblir». C'est là l'explication du verbe hindi lämna faiblir ». Le verbe prakrit ghummai fait done partie d'un groupe de mots qui ne s'est étendu que peu, mais qui est resté uni par des liens étroits jusqu'à l'époque moderne. L'origine du thème verbal ghol- s'agiter, branler reste obscure, mais on s'accorde en général à le considérer comme apparenté à ghumms'agiter, branler ». LE SUFFIXE -IRA. En sanskrit le suffixe-ira s'employait avec certains verbes pour former des adjectifs au sens de qui a l'habitude de... ». Dans plusieurs cas * -123

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