Book Title: Collected Articles Of LA Schwarzschild On Indo Aryan 1953 1979 Author(s): Royce Wiles Publisher: Australian National UniversityPage 88
________________ 674 1. A. SCHWARZSCHILD sont associés si souvent dans la Bhagavali Aradhana que l'on pourrait considérer cette expression comme caractéristique de la langue de ce texte. Parfois, surtout en jaina mähäräştri, il est difficile d'être sûr si la... jam est corrélatif, ou si l'on est en présence d'une particule temporelle tä, suivie de jam, conjonction complétive ou consécutive: la sukayam kayam jam calio asi e tu as donc bien fait de t'en allers. C'est ainsi sans doute que jam s'est dégagé de plus en plus de la construction corrélative et est devenu une conjonction subordonnante. Les changements phonétiques et morphologiques ont contribué à l'affaiblissement du corrélatif : etad et yad se ressemblaient bien et s'employaient très souvent dans les phrases corrélatives du sanskrit. Mais en prakrit elad est devenu e(y)am, et ne ressemble plus à gad, devenu jam, et l'on a donc de la peine à reconnaître le schéma corrélatif eam... jam dans une phrase comme kaha sakka bhanium aliam eam jam porinasuie Bhäraha-Rāmāyaṇe ayam comment peut-elle qualifier de mensonge ce qui nous a été transmis par les anciens textes sacrés, le Mahabharata et le Rämäyana? (Dhürlakhyana 3.20). Dans les textes populaires postérieurs à la Vasudevahindi, surtout dans la Kuvalayamälä, l'usage de jam comme conjonction subordonnante s'est donc de plus en plus répandu. Mais jam n'est pas la seule conjonction subordonnante à sens causal et consécutif: l'ancien instrumental du pronom relatif, jena, s'emploie dans le même sens, comme dans l'exemple du Jambucariya, cité plus haut. L'usage semble varier d'un texte à l'autre ; quelques écrivains, comme l'auteur du Kathakoşaprakaraṇam et l'auteur du Dharmopadeśamälälikä préfèrent jam, d'autres comme Silanka, auteur Caupannamahäpurisacariyam font un usage très étendu de jena. Parfois l'origine corrélative de la conjonction jena est claire, et des expressions comme kahim...jena, et kisa...jena sont assez communes: aha so una kahim maha satta, jena se pariyanami balavisesam où est donc mon ennemi, pour que je puisse connaître la nature de ses forces (Caupannamahapurisacariyam, p. 224), et kisa...asabbhāvini samjaya, jena mamam pi avaharasi vayanam est-ce que tu es devenue malade, que tu détournes ton visage, même de moi? (ibid. p. 239). Mais pour la plupart, jena est une conjonction causale et consécutive, sans antécédent démonstratif: sasallo viva bhagavao tanú samuvalakkhijjai, jena pecchasu.... miläṇalavannam uvalakkhijjai vayaṇakamalam le corps de notre maltre est comme percé par une flèche, puis que vois donc le lotus de son visage semble flétri» (ibid.). jena peut même remplacer jam dans les propositions complétives: na ya eriso susahana samayaro jena taddivasam bhikkham gaheûna puno vi geham agacchijjai ce n'est pas la coutume des religieux de mérite qu'ils - 156 CONJONCTIONS DU MOYEN INDO-ARYEN reviennent à une maison où ils ont reçu l'aumône ce jour même (ibid.). 675 Dans le dialecte jaina māhārāṣṭrī du Caupannamahapurisacariya l'emploi de jena était donc très en vogue, mais on n'y néglige pas les autres conjonctions subordonnantes, et jaha y joue un rôle important. jahd, comme gatha en sanskrit, y sert à introduire une citation; le tour direct est généralement précédé de jahā et suivi de 'lli<iti en moyen indo-aryen. Mais -ti peut manquer, et dans la prose tardive de la jaina māhārāṣṭrī, jaha peut avoir l'air d'une conjonction subordonnante qui introduit un discours indirect. L'usage ancien est toujours en évidence, e.g., pucchio ya aham tena jaha kim ellha sampadam cilthat kumaro? il m'a demandé : estce que le prince se trouve ici à présent ? (Caupanna. p. 127). Mais l'emploi presque subordonnant de jahd figure dans le même texte, e.g., tao bhagavayd patthuya dhammakaha, jaha... jivä kammasanghayam hindanli...jaha ca...gacchanti mokkham alors le saint narra un conte religieux, comment les âmes errent à travers la multitude chaotique des actions, et comment elles atteignent au salut (Caupanna, p. 73). jahd sert ici à introduire une phrase relative qui décrit ce qui a été dit, et en donne un résumé. Cet usage est frappant surtout dans une ceuvre en prose du vine siècle, la Kuvalayamālā, récemment publiée par A. N. Upadhye, a.g. nayam rannā jaha ya tiya gabbho jão jaha vanam pavilha, etc. le roi savait qu'elle était devenue enceinte, et il savait comment elle était entrée dans la forêt », etc. Il est évident qu'il ne s'agit plus d'une pensée, d'une citation ou d'un discours direct, introduits pas jaha, mais d'une proposition subordonnée. La personne du pronom ou du verbe peut bien en servir de preuve. Comme la plupart des propositions directes ou indirectes sont à la troisième personne, ces témoignages sont assez rares, mais il y en a dans la Kuvalayamala: bhanio ya saņunayam kumāro rāīņā 'pulla ma evam cintesu jaha aham tumhanam satta... tumam ca mama putto 'tti le roi dit au prince avec tendresse : fils, ne pense pas que je sois ton ennemi. Je suis ton père... (Kuv. 11.8). Si jaha servait ici à introduire un discours direct, la phrase aham tumhānam sattu n'aurait pas de sens; on s'attendrait à un pronom de la deuxième ou de la troisième personne, et l'on devrait done traduire fils, ne pense pas : il est mon ennemi », ou fils, ne pense pas vous êtes mon ennemi ». Dans quelques textes jaina sauraseni à influence populaire jahā figure dans les propositions conditionnelles: appanam pi cavantam jaha sakkadi rakkhidum surindo vi to kim chandadi saggam savvullama-bhoya-samjullam? Si le plus puissant des dieux était en effet capable de s'empêcher de tomber (du ciel), pourquoi quitte-t-il le ciel si plein de jouissances célestes? (Karlikeyanuprekṣā, 29). -157Page Navigation
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