Book Title: Collected Articles Of LA Schwarzschild On Indo Aryan 1953 1979
Author(s): Royce Wiles
Publisher: Australian National University

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Page 72
________________ ANNÉE 1962 c'étaient des formations très anciennes et à peine reconnaissables par exemple isira vigoureux d'is- animer et peut-être sithira mou de 7th-(?). Mais le suffixe restait bien vivant et servait à former des mots nouveaux en sanskrit (cf. mucira généreux », qu'on trouve dans les lexiques, et rucira « lumineux »). Le suffixe -ira est apparenté à -ra qu'il sert parfois à remplacer (cf. védique ajira à côté d'ajra et dans les lexiques bhidira et bhidra, chidira et chidra) (13), Mais le suffixe -ira figure aussi en sanskrit comme suffixe secondaire au sens possessif, par exemple dans medhira qui possède de l'intelligence (medha) ». Ce double emploi du suffixe -ira a survécu en prakrit; Hemacandra s'en rendait déjà compte, et il a noté -ira comme deux suffixes différents : 72 II. 145 lädyarthasyeral), ira indique le sens de l'habitude, etc., et II. 159 älvillollälavantamantetteramana matob, alu, illa, ulla, ala, vanta, manta, itta, ira et mana remplacent le suffixe mat ». Le suffixe secondaire -ira est devenu un peu plus fréquent en prakrit; il ne garde pas toujours le sens possessif et il sert parfois à remplacer des syllabes finales insolites dans des mots rares ou empruntés: divira scribe du moyen persan dipir se trouve dans les inscriptions kharosthies (avec i long ou bref ?) et a passé en sanskrit; nacira du moyen persan naxir paraît aussi dans les inscriptions de Niya et dans une inscription de l'Inde propre (18); gahira en mähäräştri tend à remplacer gahira <sanskrit gabhira profond, et le mot prakrit guhira est dû à une contamination de gabhira avec guha cachette ; ujjagira remplace ujjagaraya insomnie dans le Vajjalaggam. Parfois on a tout simplement ajouté -ira à un adjectif, cf. ullira ulla a mouillé dans le même texte. " Mais c'est surtout le suffixe primaire -ira qui est devenu fréquent en moyen indo-aryen et qui figure dans ghummira et gholira. Il est difficile d'expliquer la vogue dont a joui ce suffixe en prakrit. Quelques-uns des mots prakrits en-ira sont des dérivés de mots sanskrits en-ra, l'i étant une voyelle anaptyctique : ef. sanskrit avihimsra a qui ne fait pas de mal, prakrit himsira qui fait mal », namra courbé », prakrit namira. Mais ces mots ne sont attestés qu'à une époque assez tardive et l'explication anaptyctique ne vaut pas pour la plupart des adjectifs en -ira du moyen indo-aryen. Le sens des mots prakrits en -ira est aussi varié que la forme et l'on ne peut pas en tirer grand-chose pour expliquer les voies de l'expansion de ce suffixe, Presque toutes les consonnes et même des voyelles figurent à la fin des racines verbales auxquelles l'on a ajouté le suffixe -124 CHUMMIRA, GHOLIRA AGITÉ, BRANLANT 73 -ira. Il semble done que l'expansion de ce suffixe se soit produite par des voies multiples. Les débuts de l'extension se laissent déjà entrevoir en sanskrit: rucira luisant semble avoir été créé sous l'influence de rudhira rouge (16) (extension due à une ressemblance de sens et de forme); rucira: rucluire à son tour a donné lieu à mucira (dans les lexiques) < généreux » de muc-libérer »; l'extension ici est due à une ressemblance purement formelle. A l'imitation de timira sombre presque tous les verbes en -mont formé des adjectifs en -ira en mähäräştri : c'est là en partie du moins l'explication du mot prakrit ghummira agité, branlant ». Mais l'extension du suffixe -ira a rapport aussi au sens : il y a peu de mots qui se prêtent aussi bien à l'idée de l'habitude que les verbes qui désignent vaciller, aller et venir, etc., et ce sont donc ceux-là qui ont pris le suffixe -ira de bonne heure en prakrit. Parisakkira qui marche se trouve déjà dans le canon jaina, et dans les textes maharastris on peut rencontrer hindira et hallira qui va et vient (Samaraiccakahā); vevira qui tremble (surtout en apabhramia); pakampira tremble »; bhamira, gamira qui marches, et ghummira qui branle (ef. l'influence probable de timira); vallira qui marche »; rankholira, dolira et andolira «qui bascule, gholira et paholira qui branle (mots qui se ressemblent par la forme aussi bien que par le sens), pahallira, pahillira et pahilira qui branle ; sicalira qui s'agite; taliantira qui se tournes. Il n'y a pas de doute que dans ce groupe de mots l'extension du suffixe -ira se soit faite par des voies multiples, et formelles et sémantiques. Le suffixe -ira s'ajoute aussi de bonne heure aux verbes qui signifient parler et l'on trouve donc jampira « qui parle (beaucoup); ayampira qui ne parle pas (dans le canon jaina, Dasav.); lavira a qui bavardea, et bhäsira (Supa.), bhapira (Hala) qui bavarde »; rasira qui crie »; sahira « qui raconte », etc. qui * Ayampira et parisakkira représentent les seuls exemples clairs de l'extension du suffixe primaire -ira dans le canon jaina. L'usage de ce suffixe semble plutôt avoir été un des traits caractéristiques de la mahā. riştri littéraire : les mots en -ina abondent dans le Galdavaho et le Setubandha et surtout chez Häla. Vu l'importance de Hala pour la grammaire prakrite (17), il n'est pas surprenant que le suffixe-ira se retrouve déjà dans la grammaire de Vararuci: IV, 24 trna ira sile, -ira s'emploie au lieu du suffixe de l'agent-tr pour désigner une habitude ». -ira est beaucoup moins fréquent dans le Vajjalaggam, et si l'on exclut les mots formés à l'aide du suffixe secondaire, par exemple ullira et ujjagira, il ne reste que ring mots en -ira dans ce texte, dont un dans un vers qui se -125

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