Book Title: etudies On Bhartrhari 4
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 6
________________ L'ABSOLU DANS LE VĀKYAPADĪYA 61 n'existe pas ne peut être divisé. Quant à la réalité essentielle de ce qui existe, il en est de même pour elle aussi."31 Il n'est pas étonnant que le Vākyapadiya, en tant qu'ouvrage qui s'occupe 'de phrases (vākya) et de mots (pada)', traite tout d'abord de l'existence des touts dans le contexte du langage. Voici l'une des thèses principales du texte, du deuxième kānda en particulier: seule la phrase existe, non pas les mots et les sons qui en font partie. La phrase n'est donc pas une collection de mots ou de sons individuels, elle est au contraire une seule entité. On dérive les mots de la phrase par un procédé d'analyse (apoddhāra), non pas inversement les phrases des mots. Le deuxième kānda du Vākyapadiya contient plusieurs arguments qui ont le but de soutenir ce point de vue, mais pour le moment ils ont peu d'interêt pour nous; leur but est évidemment d'arriver à une conclusion déjà faite, que voici: La phrase est la seule entité vraie, puisqu'elle est le tout; et c'est le tout qui existe en vérité, non pas ses parties. On pourrait poursuivre cet argument et conclure que là où les phrases elles-mêmes font partie d'une collection, c'est cette collection qui est vraiment réelle: “Tous les sens des mots dépendent du sens de la phrase. Pourtant, les sens des phrases qui requièrent (d'autres phrases), sont égaux à des sens de mots."32 “Dans une collection de phrases dont les parties ont besoin l'une de l'autre, et qui exprime une seule chose, même le sens de la phrase n'existe pas."33 Bhartrhari parle ici du sens d'une collection de phrases, mais ce qu'il dit s'applique également aux phrases ellesmêmes: dans une telle collection, les phrases constituantes n'existent pas. Pour Bhartshari le Veda, cette collection de phrases suprêmement importante, constitue une unité: "Quoique [le Veda) soit un, [les grands voyants) l'ont transmis comme comportant de multiples voies séparées les unes des autres."34 Ailleurs il explique que le Rgveda n'occupe pas plus de temps que la plus petite partie de la langue parlée: "La différence (de temps) entre le quart d'une mātrā et les dix [livres du Rgveda, causée par la division de la quantité de temps), n'existe pas dans la parole ellemême."35 Le Rgveda, donc, est une unité indivisible. Cela n'est pas 31 VP 3.523: asataś ca kramo nāsti sa hi bhettuṁ na śakyate/ sato 'pi cātmatattvar yat tat tathaivāvatisthate// VP 2.325: rūpaṁ sarvapadārthānāṁ vākyārthopanibandhanam/ sāpeksā ye tu vākyārthāḥ padārthair eva te samāh// VP 2.76: vākyānāṁ samudāyaś ca ya ekārthaprasiddhaye/ sākārksāvayavas tatra vākyārtho 'pi na vidyate// VP 1.5: eko 'py anekavartmeva samāmnātah prthak prthak. 35 VP 3.553: evaṁ mātrāturīyasya bhedo dāśatayasya vā/ parimānavikalpena śabdātmani na vidyate // Pour le sens de dāśataya, voir Bhat, 1973: 54-55.

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