Book Title: etudies On Bhartrhari 4
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 13
________________ 68 JOHANNES BRONKHORST La strophe 3.172 renvoie clairement à un autre chapitre de la Mūlamadhyamakakārikā. Selon Bhartshari "il y a du mouvement (exécuté] par un agent de mouvement qui existe, sur un objet de mouvement qui, lui faussi), existe."66 Le renvoi est au deuxième chapitre de la Mūlamadhyamakakārikā, qui arrive à la conclusion que "le mouvement, son agent et son objet n'existent pas”.67 Bharthari peut accepter l'existence du mouvement, de son agent et de son objet, en dépit des arguments de Nāgārjuna, parce que ces entités, dénotées par des mots (padārtha), possèdent une existence métaphorique, dans laquelle les contradictions démontrées par Nāgārjuna sont permises. Comme le dit Bhartshari: “Aucun objet de mot n'est en dehors de cette existence métaphorique, qui est sans contradictions quoique les propriétés qu'elle contient soient différentes et contradictoires; à laquelle chacun des mots se réfère pour exprimer des choses contradictoires; qui ne comporte aucune différence de temps mais est déterminée par rapport à des choses qui appartiennent à des temps différents; et qui est la cause du fonctionnement de tous les mots. Et dans le Bhāsya (de Patañjali] cette [réalité métaphorique) est montrée comme distincte de l'existence présente."68 Les idées de Bhartrhari sur la nature de l'absolu constituent donc une défense contre les positions des Mādhyamika. Elles pourraient en même temps en être une imitation.69 C'est là la question dont il nous faut nous occuper dans le reste de cet article. Pour l'introduire, d'abord quelques mots au sujet de la relation entre touts et parties dans le bouddhisme. Pour Bhartshari, nous le savons, il ne s'agit ni d'une relation d'identité, ni de différence; le tout, en outre, est plus réel que ses parties. Il semble que les Madhyamika, ainsi que les Hīnayānistes, acceptent la première moitié de cette proposition, tandis qu'ils en rejettent la deuxième. 68 66 VP 3.172ab: sato hi gantur gamanaṁ sati gamye pravartate/ 67 MMK 2.25cd: tasmād gatiś ca gantă ca gantavyaṁ ca na vidyate// VP 3.177-179: tasmād bhinneșu dharmeșu virodhişv avirodhinīm/ virodhikhyāpanāyaiva Śabdais tais tair upāśritām// abhinnakālām arthesu bhinnakāleşv avasthitām/ pravrttihetur sarvesāṁ sabdānām aupacārikim// etā sattām padārtho hi na kaścid ativartate/ să ca sampratisattāyāh prthag bhāsye nidaršitā// Pour une discussion du passage visé du Mahābhāsya, voir Biardeau, 1964a: 426-428 n. 2. A noter l'identité de termes, signalée par Olle Qvarnström (1989: 129-130), utilisés par Nägarjuna dans l'Acintyastava, et ceux utilisés par Bhartrhari. Comparer Acintyastava 44d-45b (éd. Lindtner, 1982: 154): paramārthas tv aktrimah// svabhāvah praktis tattvam dravyaṁ vastu sad ity api; et VP 3.111: ātmā vastu svabhāvas ca śarīra tattvam ity api/ dravyam ity asya paryāyās tac ca nityam iti smrtam //.

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