Book Title: etudies On Bhartrhari 4
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 16
________________ L'ABSOLU DANS LE VĀKYAPADĪYA 71 Dharma 'oeil', ainsi, par la réunion des cinq agrégats, il y a un Dharma 'individu' (pudgala).” Ce texte exprime, plus clairement que d'habitude, la nature composée de la personne. On retrouve la même question concernant la relation entre la personne et ses constituants dans les textes des Mādhyamika. Deux passages de la Mūlamadhyamakakārikā doivent suffir pour le prouver. MMK 18.1 dit (tr. J.W. de Jong, 1949: 2): "Si le moi était identique aux agrégats (skandha), il serait sujet à la naissance et à la destruction. S'il était autre que les agrégats, il serait dépourvu des caractères des agrégats."75 La conclusion semble claire: il est impossible de dire si la personne et les agrégats sont identiques ou différents. Kārikā 10.15 explique que la relation entre le moi et les agrégats est la même que celle qui relie une cruche ou une toile à ses parties; la comparaison avec le feu et le combustible élucide cette relation: les deux ne sont ni identiques, ni séparés; on ne trouve pas non plus l'un dans l'autre. Abordons maintenant la question de l'absolu chez les Mādhyamika. Il n'est pas possible de discuter de cette question sans rappeler le débat entre Stanislaw Schayer et Theodore Stcherbatsky à ce sujet. Tous deux acceptaient, à un moment donné, l'opinion selon laquelle l'absolu bouddhique est le tout, la totalité de tout ce qui existe. Passons en revue les points principaux du débat. Le débat fut initié par Th. Stcherbatsky dans son The Conception of Buddhist Nirvāņa (1927). Dans le Mahāyāna, affirme-t-il (1927: 47-48), seul le tout, c.-à-d. le tout des touts, est réel; ce tout est le Tout Absolu.78 Il n'y a rien en dehors de ce tout qui possède une réalité indépendante, et ce tout ne peut être exprimé par un concept ou par le langage (p. 50)." L'univers comme tout – ou le monde comme tout, sub specie 75 MMK 18.1: ātmā skandhā yadi bhaved udayavyayabhāg bhavet/ skandhebhyo 'nyo yadi bhaved bhaved askandhalaksanah// 76 Tillemans (1982, 1983, 1984) a étudié la relation 'ni identique, ni différent', qui existe entre les objets et leurs parties, dans Sāntaraksita et ses interprètes tibétains. 77 MMK 10.14-15: indhanam punar agnir na nägnir anyatra cendhanāt nāgnir indhanavān nāgnāv indhanāni na tesu sah// agnindhanābhyāṁ vyākhyāta ātmopādānayoh kramah sarvo niravašeșena sārdham ghatapatādibhih// "In Mahāyāna, all parts or elements are unreal (sünya), and only the whole, i.e. the whole of the wholes (dharmatā = dharma-kāya), is real. ... In Mahāyāna we have ... an assertion of the whole, in the sense of the Absolute Whole (dharma-kāya)." 79 "... nothing short of the whole possesses independent reality, and ... the whole forbids every formulation by concept or speech (nisprapanica)..."

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