Book Title: William James Et Son Darwinisme Religieux
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 5
________________ Johannes BRONKHORST DARWINISME RELIGIEUX Pourtant, cette application de notions darwiniennes au domaine de la psy. chologie et de la religion va à l'encontre de ce que James avait dit contre une telle application une vingtaine d'années plus tôt. Dans les Baltimore et Lowell Lectures données en 1878, il plaidait pour une limitation du darwinisme au domaine matériel, à l'exclusion de tout ce qui concerne le domaine mental (cité par Bjork, 1988, p. 113): In these recent days we hear a great deal of the marvellous achievements of science, how Darwinism has made us understand so much about animal and vegetable forms, and how in particular the physiologists by the deep insight they have been acquiring into the nervous system and brain, have to a great extent banished the mystery which used to hang about the action of the mind and constituted a new psychology which explodes and renders obsolete the old views of mental action all based on a priori speculation. Whilst this is triumphantly repeated by the sectaries of physical science, it is as indignantly denied by another class of persons. The latter fancy that they see the most brutal materialism lurking behind what the for mer call enlightenment and scientific progress, like some hideous heathen idol whose form is dimly seen through the glare of fire-works and golden dust and dazzling vapours of incense with which its followers continually fill the air before it. quer que, dans la compétition entre religions envisagée par James, on ne pour rait pas comparer des faits, mais seulement des expériences. Les expériences étant, par leur nature, personnelles et privées, leur comparaison, elle aussi, ne peut qu'être personnelle et privée." James était conscient de ces difficultés, et il cherchait à les résoudre dans ses Varieties of Religious Experience. Il ne fait plus allusion explicite à la théorie de Darwin dans ce livre." Cela ne l'empêche pas d'y apporter une solution au problème que son darwinisme religieux lui avait posé. Il fait la constatation que la religion ne peut se séparer de conceptions et de constructions. Ce fait permet, selon lui, l'introduction de la philosophie, qui peut jouer le rôle de modérateur au milieu de la confrontation d'hypothèses, de médiateur parmi les critiques des constructions de l'un par l'autre." La philosophie qui exécute ces tâches, James l'appelle la science des religions. Voyons ce qu'il dit à son sujet (1902/1979, p. 416): Religious experience... spontaneously and inevitably engenders myths, superstitions, dogmas, creeds, and metaphysical theologies, and criticisms of one set of these by the adherents of another. Of late, impartial classifications and comparisons have become possible, alongside of the denunciations and anathemas by which the commerce between creeds used exclusively to be carried on. We have the beginning of a Science of Religions, so-called... Si nous réintroduisons ici la notion de darwinisme religieux, la science des religions joue le rôle que joue la sélection (naturelle, culturelle, ou autre) dans le darwinisme scientifique. La manière dont elle peut le faire est décrite ainsi (James, 1902/1979, pp. 436-437): The spontaneous intellect of man always defines the divine which it feels in ways that harmonize with its temporary intellectual prepossessions. Philosophy can by comparison eliminate the local and the accidental from these definitions. Both from dogma and from worship she can remove historic incrustations. By con fronting the spontaneous religious constructions with the results of natural science, philosophy can also eliminate doctrines that are now known to be scientifically absurd or incongruous. Le darwinisme religieux fut donc une idée nouvelle, James y revient, mais de nouveau de manière implicite plutôt qu'explicite, dans le passage suivant des Varieties (p. 325, souligné par nous): What I then propose to do is, briefly stated, to test saintliness by common sense, to use human standards to help us decide how far the religious life commends itself as an ideal kind of human activity... It is but the elimination of the humanly unfit, and the survival of the humanly fittest, applied to religious beliefs; and if we look at history candidly and without prejudice, we have to admit that no religion has ever in the long run established or proved itself in any other way L'emploi des terms unfit et fittest saute aux yeux. On voit que James, une fois de plus, part de l'hypothèse que l'élimination du unfit mène inexorablement à quelque chose de meilleurs Continuons encore un moment l'analyse de cette idée. A première vue il est difficile de comprendre comment la compétition entre religions, telle qu'elle est conçue par James, pourrait jamais faire survivre la religion la plus adaptée, la plus fit. C'est que James se déclare avocat de ce qu'il appelle l'empirisme radical. C'est un empirisme, because it is contented to regard its most assured conclusions concerning matters of fact as hypotheses liable to modification in the course of future experience (James, 1897/1956, p. vii). Cela devrait impli * Ces difficultés sont commentées par Rorty (2004). Quelques années plus tard, en revanche, il inclut une remarque énigmatique dans ses notes pour un cours donné en 1905, qui suggère qu'il n'avait pas abandonné l'idée d'un lien entre darwinisme et religion: So far I have been ahistic. But if evolution - Gods may be one of the results (Myers, 1986, p. 174). Since the environment to which an organism consciously reacts is the environment as it exists for that organism's consciousness, and since the environment as so viewed is the pro duct of selective elimination on the part of the consciousness concerned, it follows that COMERCIONS section create the known world is precisely the same in which trasla iornates the species. Brennan (1968, p. 72) cite ce passage (avec les italiques) comme s'il s'agit des mots de James, mais donne une référence à un livre (Howard V. Knox, The Evolu hion Truth, London 1990, p. 23) auquel ne n'ai pas eu ache pour vérifier la source de cette citation. A noter que la sélection est une fonction essentielle de la conscience d'aprés James v. Principles I, pp. 284 sq., 402 sq. etc. Cf. Bjork, 1988, p. 108 " Cf. Dennett, 2006, p. 269: « James gives us a very Victorian version of Darwinism: what sur vives must be good, because evolution is always a matter of progress toward the better. A noter que la plupart des évolutionnistes de l'époque qui s'intéressaient à la religion (parmi eux Spencer et Tylor, mais également Max Müller), considéraient l'histoire de celle-ci comme l'histoire d'un déclin; plusieurs d'entre eux pensaient que la religion n'avait plus de place dans la société moderne. Levinson, 1981, p. 74 99

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