Book Title: William James Et Son Darwinisme Religieux
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 6
________________ Johannes BRONKHORST DARWINISME RELIGIEUX Sifting out in this way unworthy formulations, she can leave a residuum of concep tions that at least are possible. With these she can deal as hypotheses, testing them in all the manners, whether negative or positive, by which hypotheses are ever tested. She can reduce their number, as some are found more open to objection. She can per haps become the champion of one which she picks out as being the most closely ver ified or verifiable. She can refine upon the definition of this hypothesis, distinguish ing between what is innocent over belief and symbolism in the expression of it, and what is to be literally taken. As a result, she can offer mediation between different believers, and help to bring about consensus of opinion. She can do this the more successfully, the better she discriminates the common and essential from the indi vidual and local elements of the religious beliefs which she compares. Le parcours proposé par James devrait aboutir en déterminant quelle est la meilleure religion, celle qui porte la bénédiction de la science des religions, et qui est d'une certaine manière construite par cette dernière. James recule devant cette conclusion. Non, dit-il à la fin de ses Varieties, la science des religions n'équivaut pas à une religion: la science des religions ne donne que de la connaissance, tandis que pour une religion vivante il faut de la foi." On voit que la science des religions de James est, ou devrait être, un moyen pour trouver la meilleure religion, elle est, ou devrait être, le facteur qui, comme la sélec tion naturelle dans l'évolution de la vie, est responsable pour l'amélioration de la religion; elle ne peut pas remplacer celle-ci. James n'était pourtant pas sans appréhension au sujet de la science des religions, comme en témoigne sa remarque, ... the conclusions of the science of religions are adverse as they are to be favorable to the claim that the essence of religion is true (James, 1902/1979, p. 468). Si l'analyse de la pensée de William James (ou plutôt d'une petite partie de sa pensée) que je viens de donner est correcte, il sera clair que cet auteur, après ses Principles, commença à se détourner de la science. La science, d'après lui, était inséparable de la conviction prévalente à son époque, selon laquelle le progrès de la société passait forcément par les struggle for life et survical of the fittest de la théorie darwinienne. James était trop scientifique pour pouvoir reje ter cette science. Il lui fallait donc quelque chose à côté de la science pour lui faire contrepoids. Il le trouva, ou crut qu'on pourrait le trouver dans la religion. Une fois de plus, il était trop scientifique pour accepter n'importe quelle religion traditionnelle; il lui fallut une religion vraie. Pour distinguer la religion de la science, et pour pouvoir lui prêter un degré de véracité aussi élevé, voire plus élevé, qu'à la science, sa position philosophique, à savoir l'empirisme radical, s'avéra extrêmement utile. La science, dit-il, est superficielle (shallow) de par sa nature, contrairement à tout ce qui concerne l'expérience directe. La rai. son en est, pour citer ses propres mots (1902/1979, p. 476), que « as long as we deal with the cosmic and the general, we deal only with the symbols of reality [... but) as soon as we deal with private and personal phenomena as such, we deal with realities in the completest sense of the term (c'est James qui souligne). Il lui restait le problème de trouver une religion vraie. Ici il invoque l'aide de la science des religions. Étant donné que son but était d'avoir quelque chose à côté de la science et indépendante d'elle, cette procédure comportait de graves risques: la science des religions peut facilement se comporter justement comme une science, et se séparer de la quête religieuse qu'elle devrait servir. James était conscient du problème, mais n'avait pas d'autre choix. Le monde que nous habitons aujourd'hui est très différent de celui de James. Nous, ou au moins certains d'entre nous, ne sommes plus convaincus du progrès automatique résultant d'un laisser-faire complet dans les domaines du struggle for life et de la survival of the fittest. Le darwinisme social est pour nous un des excès de l'histoire de la pensée, une justification trop facile, et aujourd'hui inacceptable, pour des comportements plus que répréhensibles. La science est toujours, peut-être même davantage qu'alors, l'objet de méfiance et de suspicion, mais elle n'oblige plus personne à exploiter les pauvres ou à créer des colonies (même si elle donne les moyens de le faire). On peut aujourd'hui être scientifique et avoir des rêves de justice sociale. On est même autorisé à croire que la science peut aider dans la réalisation de ces rêves. Cela signifie que, quels que soient les avantages d'une foi religieuse, on n'en dépend pas pour entretenir une vision moins dure et plus humaine de la société. La science ne s'y oppose pas (au moins pas en principe) et, comme je l'ai déjà suggéré, elle pourrait se révéler etre l'instrument le plus important pour sa réalisation. La proposition selon laquelle la science des religions devrait avoir comme but de permettre d'identifier, ou de créer, la meilleure religion, me semble être une Mauvaise Idée. En la modifiant un tout petit peu, on peut arriver à ce que je considère comme une Bonne Idée. Si la science des religions réussit à décortiquer les éléments communs qui se cachent, pour ainsi dire, dans les pratiques et pensées de différentes religions, elle aura fait du progrès vers une meilleure compréhension de la nature humaine. La nature humaine étant, d'après le sous-titre, le sujet d'étude des Varieties, la proposition de James aurait dans ce cas contribué au but qu'il envisageait, même si ce n'est pas exactement dans le sens voulu par lui. Notons, pour conclure, que le darwinisme religieux de James comme décrit ci-dessus ne s'occupe pas de la question de la valeur des religions pour la survie des êtres humains. James avait quelques idées à ce sujet. Il semble avoir cru que la religion, pour ainsi dire, est bonne pour la survie. C'est qu'on pourrait conclure du passage suivant des Varieties: " James, 1902/1979, p. 467:... should [we) all espouse the science of religions as our own religion... Knowledge about a thing is not the thing itself... For this reason, the science of religions may not be an equivalent for living religion;... a point comes when she must drop the purely theoretic attitude, and either let her knots remain uncut, or have them cut by active faith Pas seulement dans la religion. En 1897 - en faisant l'éloge d'un soldat, Robert Gould Shaw, tué au combat après avoir accepté d'être le commandant d'un régiment noir-il dit: . That lonely kind of courage (civic courage as we call it in peacetimes) is the kind of valor to which the monuments of nations should most of all be reared, for the ritual of the finest has not bred it into the home of human being the bred military sulor, and of five hundred of us who could storm a battery side by side with others, perhaps not one could be found who would risk his worldly fortunes all alone in resisting an enthroned abuse (Menand, 2001, p. 147-48).

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