Book Title: Quelques Axiomes Du Vaisesika Author(s): Johannes Bronkhorst Publisher: Johannes Bronkhorst View full book textPage 4
________________ 100 Johannes Bronkhorst Quelques axiomes du Vaišeşika 101 cause de l'utilisation du mot "mesure" 11 ». Et la qualité "séparation" (prthaktva) est la cause du fait qu'on parle de distinction . Le temps (kala), qui est une substance, est la cause de l'utilisation de mots qui se réfèrent à différentes durées, telles que "jour", "mois", "année", etc. 13 Parfois, le texte dit plutôt que telle ou telle entité est la cause d'une certaine notion (pratyaya). Les différentes notions de direction s'expliquent par l'existence de la substance "espace" (dis) 1. La qualité "contact" (samyoga) est la cause de la notion en contact" 15: "division" (vibhaga), une qualité comme le contact, est la cause de la notion "divisé" 16. Une différence essentielle entre les qualités "contact" et "division", à savoir la durée momentanée de la dernière, est prouvée par la différence des notions qu'elles provoquent : « Il n'est pas vrai que la division qui divise deux (substances) ne disparaît que quand ces deux (substances) entrent en contact, comme c'est le cas pour le contact 17: car la notion divisé" ne persiste pas comme le fait la notion en contact". C'est pourquoi [la division) est momentanée 18 ». Les qualités "éloignement" (paratva) et "proximité" (aparatva) sont les causes des emplois et des notions "éloigné" et "proche" respectivement 19. "Inhérence" (samavaya) est une entité différente des cinq autres catégories, à cause de la notion de "ici" (iha) qui la caractérise par rapport à ces autres catégories 20. Ou encore, inhérence est à inférer sur la base de la notion de "ici" 21. Dans la plupart de ces cas, l'existence de certaines entités explique l'emploi des mots correspondants. Parfois l'argumentation est inverse. Nous avons déjà vu que la notion de "ici" nous permet d'inférer l'existence de l'inhérence. La différence entre les deux qualités "largeur" et "grandeur" subdivisions de "dimension" (parimana) - est prouvée par le fait qu'on peut dire "apporte l'objet long de parmi les objets grands" et "apporte l'objet grand de parmi les objets longs" 22. En d'autres mots, on postule deux qualités au lieu d'une seule, parce qu'il existe deux mots différents. La qualité "séparation" (prthaktva) est déterminée par la qualité "nombre" (samkhya) parce que l'emploi du langage le montre 23. L'existence de l'âme est indiquée par le mot "je", et le fait que ce mot ne se met pas en apposition avec "terre" etc. prouve que l'âme est différente du corps 24. Les qualités "plaisir" (sukha) etc. appartiennent à l'âme, et non pas au corps ou aux sens, parce qu'on dit : « j'ai plaisir », etc. 25. La qualité "son" (šabda) n'est pas une qualité de l'âme, parce qu'on ne conçoit pas les deux comme étant en apposition 26 : les commentaires expliquent que l'on ne dit pas « je sonne comme on dit « j'ai plaisir ». La substance "temps" (kala) est la cause de l'apparition, de la préservation et de la destruction de toutes les choses produites, parce que le langage le dit 27. Les commentaires expliquent : on dit qu'un certain objet se produit à tel ou tel moment, etc. Il existe donc un parallélisme entre les mots et les choses. Ce parallélisme ne s'étend, bien entendu, pas à tous les mots de la langue sanscrite. Rien dans l'ontologie du Vaiseșika ne correspond, par exemple, au mot api "également". Ce parallélisme permet pourtant de tirer des conclusions ontologiques au moins dans certains cas. Notons encore que plusieurs qualités - parmi elles tous les nombres supérieurs à "un", l' "éloignement" et la "proximité" - dépendent de l'observateur, et sont même produites par sa conscience (pour plus de détails sur la production de l'éloignement et de la proximité", voir plus bas). Elles sont pourtant des entités réellement existantes. Le Vaišesika était clairement prêt à aller loin pour assurer que des entités réelles répondent à certains mots. Même là où il existe une correspondance exacte entre les mots et les choses, cette correspondance ne porte normalement pas sur les entités individuelles. Car évidemment un mot comme "cruche" ne se réfère pas exclusivement à une seule cruche, mais à toutes les cruches. Le système postule donc l'existence 11 Pdhs p. 130 : parimanam manavyavahakaranam. 12 Puhs p. 138: prihakivam poddharvavahtrakaranam 13 Pdhs 63 1. 1921: kalaksanalavanimesakshakalimuhartayamáhonderdhamasamasartvayanasaivataas yugakalumanvantarapralayamahapralayavyavaharahetuh. 14 Pdhs p66. 15 Pahs p. 139: samyogah samyuktapratyayanimitam 16 Pdhs p. 151: vibhago vibhaktapratyayanimittam. 17 Le contact qui réunit deux substances ne disparait que quand ces deux substances se séparent en acceptant la qualité division". 18 Pdhs p. 152.53 : na tu samyogavad yayor eva vibhagas tayor evasamyould vinto bhavati kasml Samyuktapatyayavad vibhaktapratyaydnutiyabhava rasmd... kanila it. 19 Puhs p. 164 : paratvam aparatvam ca pentparbhidhanapratyayanimittam. 20 Pahs p. 326: samadyasyap parlcasu padarthes heti pratyayadaranul tebhyah padarthantaratvam 21 Pahs p. 329: ihabuddhyanumeyah samavaya/b/ 22 Paths p. 131-32: atrasti mahalladtghatvayo parasparato videsah mahatsu dirgham intya dirghesu mahad Aniyatim iti višisti vyavahtradarsandditi 2) Pahs p. 138: samkhyayd tu vidisyate advisisavavahtradarsandd it. Notons que la détermination dont parle cette phrase est en fait la coinhérence d'une autre qualité dans une même substance. 24 Pidhs p. 70 L. 9-10: hansabdentpirthivyddiadavya irekiti 25 Mahs p.70L 68: sukhadulkheachadvesprayathai a guar gury anumlyate/teca Sartrendriyagund kasmdahan kenaikavyabhaval. 26 Pahs p. 58 L 11-12: ahatkarena vibhaktagrahanke candomanah 27 Phs p. 63 1. 18-19://ah sarvatryand comparishio vinahetus tadvyapadedaPage Navigation
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