Book Title: Quelques Axiomes Du Vaisesika
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 5
________________ 102 Johannes Bronkhorst Quelques axiomes du Vaišeşika 103 d'universaux qui correspondent, eux, aux mots. C'est l'universel de la cruche qui justifie l'emploi du mot "cruche" en connexion avec une cruche quelleconque 23. Le Pdhs le dit explicitement pour le cas des qualités: « Comme toutes les qualités, couleur etc., sont chacune reliées à des universaux, les désignations "couleurs" etc. sont (utilisées) > >>. La connaissance d'une chose et de son universel sans qu'on connaisse son nom est une forme de connaissance inexacte (anadhyavasaya). Le cas est illustré par les Vahtka, peuple indien ridiculisé dans les textes anciens pour son manque d'intelligence : un Vahtka peut voir un arbre à pain ainsi que l'universel qui s'y attache, mais n'ayant pas reçu d'éducation, il n'en sait pas le nom 30. Selon sa définition, l'universel est la cause des notions pareilles que nous avons des entités caractérisées par cet universel 31 ; nous connaissons déjà le parallélisme qui existe dans le Pdhs entre mots et notions. Le cas de certaines substances - à savoir éther (akasa), temps (kala) et espace (dis) -est spécial dans le sens où il n'y a qu'un seul exemplaire de chacune d'elles. La nécessité de postuler des universaux pour elles n'existe donc pas. Le Pdhs n'accepte effectivement pas l'existence d'universaux pour ces substances, mais il soulève pourtant la question de savoir comment elles peuvent être l'objet de désignations. La réponse qu'il donne est que les trois désignations "ether", "temps" et "espace" sont des "désignations techniques" (p. 58: paribhasikya/b/ sanja/b/). Un problème parallèle se présente dans le cas des catégories "universel", "particularité" et "inhérence" qui ne possèdent pas d'universaux non plus. Elles sont pourtant l'objet de désignations grâce au fait qu'elles sont buddhilaksana "caractérisées par certaines aperceptions" (p. 19). Les détails de ces solutions ne nous intéressent pas en ce moment, il suffit de noter que le Vaišesika cherche toujours des explications spéciales pour les cas exceptionnels ou un mot désigne un objet sans l'intermédiaire d'un universel. Une situation exceptionnelle prévaut également dans le cas de synonymes. Evidemment, on ne peut attribuer des universaux différents à des synonymes. C'est la raison pour laquelle le Pdhs s'efforce à plusieurs reprises d'indiquer quels mots sont des synonymes 32. La situation exceptionnelle des synonymes ne fait que confirmer le principe de base qu'à chaque mot correspond, en règle générale, un universel, Semblable au problème des synonymes est la situation où deux mots se réferent à une seule entité. Prenons les mots "entrer" et "sortir" dans le cas du passage d'une personne d'une pièce à une autre. Les deux verbes se réfèrent à un seul mouvement, qui est décrit du point de vue de deux observateurs différents. Comme le mouvement est le même, les deux verbes ne peuvent correspondre à deux universaux différents ; les universaux, le Pdhs nous le rappelle, ne peuvent se mélanger. Cette condition a pour conséquence que la correspondance entre les mots et les choses n'est pas parfaite, même dans le cas de substantifs et de verbes. En fait, le Vaišeşika ne reconnaît que cinq universaux sous la rubrique "mouvement" ». Ce même souci de séparer les universaux explique la précision avec laquelle on détermine le nombre de subdivisions : il existe, par exemple, dans la terre six goûts, deux odeurs, il y a trois types de terre en tant qu'objet (visaya), etc. Le souffle (prana) n'est qu'une seule chose (lire : ne possède qu'un seul universel), quoiqu'il porte plusieurs appellations (aspiration, expiration, etc.) en raison des différents mouvements qui y inherent 35. La conscience (buddhi), quoique multiple à cause de l'infinité de ses contenus, est pourtant de deux types : connaissance correcte et connaissance fausse . Quoiqu'on parle de "séparation simple", "séparation double", etc.. ces subdivisions de la qualité "séparation" ne possèdent pourtant pas d'universaux : dans ces cas-ci, la séparation" est déterminée par des nombres différents 37. Plusieurs mots (p. ex. "passé", "présent", "futur") se réfèrent métaphoriquement au temps, qui est pourtant une seule substance : cette circonstance s'explique par la présence de conditions contingentes (upadhi) dif 28 Cf. Pdhs p. 27: priviivabhisambandha prthivi: p. 35: prvabhisambandhad Apat; etc. 29 Pdhs p. 103: ruplan sarvestinguin pratyekam parasinya mandhad padisa bhavanti 30 Pohs p. 1821.4.9: yathe vahtkasya panas disvanadhyavasyo bhavat punasavam api panases anuvttam amradibhyo vylyftar pratyakşam eva kevalan tdpadesahvad višesasam jindpratipattir na bhavati. 31 Pohs p.311: anuvstupratyayaram 32 Puths p. 171: buddhir upalahdhir j am pratyaya iti parydy: p. 263: prayatnasarambhasha iti paryayah: p. 296: ... karmatvaparya eva gamanavam.. 33 Puhs p.11, 2924 34 pths 27 L 15-16: rasah vidho madhuridil Randhe dvividhad surabhir asurabhis cap. 281. 7-9: visayas tu.. brividho mrtnashvaralaksanah. » Puhs p.44 1.16-18: prahkah sankryd hedd aplodisnjim labhate. 36 Php. 172: buddhihi cinckarakathanantydepratyarthaniyaaka/ tasyah sayapy anckavidhatve samsato dve vidle vidyd clvidyd cet. 37 Pdhs p. 138: elvdis tu vifesa ekarvadivad ekathaktvedis aparastmanyabhava samkhyaya Viisyale.

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