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Inde et littératures. Etudes réunies par Marie-Claude Porcher (Collection puruṣārtha no. 7). Paris, Éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1983. 3 20 pp. 160.00 F.
Dans la présentation Marie-Claude Porcher écrit que ce volume est inspiré par le désir de confronter les vues de chercheurs issus d'horizons divers et de présenter conjointement différentes approches de l'étude du champ littéraire. La variété des sujets traités nous force d'indiquer brièvement le sujet de chaque contribution et de laisser aux spécialistes dans ces divers domaines de recherche d'entrer en discussion avec les auteurs. L'article de Charles Malamoud étudie la structure du sacrifice de douze jours dans l'Aitareya Brāhmana (Exégèse de rites. Exégèse de textes, pp. 17-38). L'auteur analyse les rūpa, les symboles ou les indices, qui caractérisent chaque journée. Marie-Claude Porcher analyse les deux principes de pluralité dans la poétique: l'ambiguïté ou double-sens (slesa) et la suggestion (dhvani) (Le déploiement de l'implicite dans la poétique sanscrite, pp. 35-56). L'auteur s'efforce de dissiper notamment le halo de mystère et d'irrationalité qui s'attache trop souvent au dhvani. Anandavardhana et Mammața décrivent les conditions nécessaires à l'appréhension du sens suggéré. Les théoriciens distinguent une suggestion non poétique d'une suggestion proprement poétique. Le véritable kävya est celui dans lequel le suggéré est jugé plus beau que l'exprimé et donc supérieur à lui. Jonathan Katz étudie la relation entre les traités musicaux et la pratique musicale (Indian Musicological Literature and its context, pp. 57–75). Il remarque que la distinction entre l'histoire de la musique et celle des traités musicaux n'a pas toujours été faite de manière adéquate. Il souligne le conservatisme de la théorie, et exprime l'espoir que des changements dans les conditions sociales et culturelles et l'influence des travaux des musicologistes occidentaux aideront à développer une musicologie utile pour la pratique musicale. Dans sa contribution François Gros essaie de situer la littérature du Sangam dans son milieu culturel (La littérature du Sangam et son public, pp. 77-107). Il fait ressortir le fait que le Sangam est d'une part inséré dans un réseau historique et culturel qui le fait participer au mouvement général de la civilisation de la Péninsule indienne, et d'autre part fortement caractérisé par un milieu littéraire aux conventions très élaborées. François Gros écrit que l'idéologie du Sangam n'est exprimée qu'à travers une tradition poétique, dont l'objet n'est pas de refléter exactement les fluctuations de la société mais d'en sublimer la vision. Gregory Bailey montre que les souffrances de Draupadi et de Yudhisthira ne s'expliquent qu'à la lumière de la structure du Mahabharata telle qu'elle s'exprime dans ses thèmes fondamentaux: le destin, le dharma, l'adharma, le karman et la royauté (Suffering in the Mahābhārata: Draupadi and Yudhisthira, pp. 109-129). France Bhattacharya examine les passages concernant la préparation des aliments et leur consommation dans le Candi Mangala, poème bengali composé autour de 1589 (Les mets et la cuisine dans le Candi Mangala, pp. 131-175). Elle remarque que ces passages se différencient assez nettement les uns des autres pour que leur comparaison et leur mise en rapport fournissent la clef d'un début de déchiffrement symbolique.
Les trois contributions suivantes éclaircissent divers aspects de la réponse du monde occidental à la civilisation indienne. L'étude de Catherine Weinberger-Thomas s'occupe des théories et des spéculations relatives aux Veda dans l'oeuvre de Pierre Sonnerat, auteur du Voyage aux Indes orientales et à la Chine, Paris, 1782 (Les mystères du Veda. Spéculations sur le texte sacré des anciens brames au Siècle des Lumières, pp. 177-231). Sonnerat
Indo-Iranian Journal 29 (1986) 49.
