Book Title: Mysticisme Et Rationalite En Inde Le Cas Du Vaisesika
Author(s): Johannes Bronkhorst
Publisher: Johannes Bronkhorst

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Page 5
________________ MYSTICISME ET RATIONALITÉ EN INDE 563 nos buts spirituels sont subsumés sous les deux catégories de substance et de qualité. La substance qui est impliquée en premier lieu est l'âme, conçue comme omniprésente et éternelle. Cette substance, comme les autres substances, peut avoir des qualités. Cependant, les qualités qui peuvent être inhérentes à l'âme ne sont pas toutes les mêmes que celles qui peuvent l'être à d'autres substances. En fait, beaucoup de qualités ne se trouvent que dans l'âme et nulle part ailleurs, à savoir la connaissance, le bonheur, la douleur, le désir, la répulsion, l'effort, la vertu, le péché et les impressions subliminales. Ces qualités constituent ensemble une sorte de psychologie plutôt primitive. Car la connaissance d'un objet apporte bonheur ou douleur, lesquels à leur tour causent le désir ou la répulsion qui provoquent l'effort, qualité de l'âme qui incite le corps à agir. L'activité corporelle produit d'autres qualités de l'âme, à savoir la vertu ou le péché (selon la nature de l'activité) et les impressions subliminales. Ces trois dernières qualités sont responsables d'une nouvelle naissance de l'âme dans un autre corps. Ce même schéma explique comment la libération peut être obtenue. Je cite le passage du Padārthadharmasangraha, un texte du sixième siècle environ (ère chrétienne) qui présente la doctrine du Vaišeşika dans sa forme classique: Quand quelqu'un, en conséquence de la connaissance et de l'activité qui en résulte, à savoir sune activité] sans fruit désiré, naît dans une famille vertueuse et, désirant connaître les moyens de se débarrasser de la souffrance, va trouver un maître et acquiert la véritable connaissance des six catégories [du Vaišeşika), alors il devient dépourvu de passion parce que sa fausse connaissance prend fin. Parce qu'il n'y a alors ni passion ni répulsion, la vertu et le péché qui en naissent ne se produisent pas; et [la vertu et le péché) qui ont été accumulés auparavant disparaissent après avoir produit des expériences. Quand il a ainsi produit la satisfaction et le bonheur aussi bien que la séparation d'avec son corps, et que la passion etc. ont cessé, alors seule reste la vertu caractérisée par l'inactivité. Cela aussi), après avoir produit le bonheur né de la vision intérieure de la plus haute vérité, cesse. Alors le corps et le reste disparaissent de [cette) âme qui est libre des semences (pour la renaissance). Aucun corps ni rien d'autre ne vient à l'existence, et cette tranquillité (qui s'est installée], qui ressemble à un feu dont le combustible aurait été consumé, c'est la libération.4 Cette description est laconique et schématique. Cependant, l'idée principale est claire. La libération a eu lieu après que la substance âme eut 4 Pdhs p.281 1.19 - p.282 1.5. La traduction est d'après BRONKHORST, 1993: 62-63.

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