Book Title: Dexus Notes De Moyen Indo Aryen
Author(s): Colette Caillat
Publisher: Colette Caillat

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Page 14
________________ 110 Colette CAILLAT S'il est indiscutable que le rythme des optatifs labbhe, janne convient exactement à la finale d'un päda impair de śloka, il n'est pas exclu pour autant qu'il reproduise des schémas prosodiques anciens, tel celui de haññe, hamne (hanne) sporadiquement attesté en regard de divers thèmes de présent, dont haññati et hanati (supra I). Ainsi a pu jouer l'analogie, hanati : haññe = labhati : x. Il est en effet loisible d'imaginer la rémanence de rythmes obsolets, auxquels l'amateur d'antiquités ou de curiosités qu'est, à ses heures, le compilateur du Mahānisiha rendrait une vie éphémère. Ce ne serait pas le seul artifice de ces vers. Mais l'optatif labbhe n'est pas entièrement sans fondement, puisque pa. et pk. dérivent de la racine LABH un invariant labbhā, plus ou moins figé au sens de "on peut obtenir", "on a le droit de”. Identique à celle de sakkā, la formation remonte peut-être (au moins partiellement) à un ancien optatif". Quelle que soit l'origine de labbhā, il est possible que l'existence de cette forme relativement usuelle ait favorisé la création de labbhe. Mieux: il a peut-être existé un thème de présent actif transitif labbha-. Du moins est-il impliqué par le futur amg. labbhihi, attesté dans un sloka de l'un des "vétérans” du canon jaina. Le Dasaveyaliya écrit en effet: labbhihi ela-mūyagam, "il contractera (une renaissance) comme sourd-muet”. Quoique Pischel range l'emploi du Dasav parmi les passifs employés en valeur d'actif ($ 550, cf. supra n. 29), il est évidemment plus économique de reconnaître ici comme précédemment, à la base de ce futur, un thème de présent pourvu de l'affixe -ya-, donc un *labbha(i), qui aurait également pu donner naissance à l'optatif labbhe. Quoi qu'il en soit, on aura noté au passage la similitude: entre les contextes du Mahānisiha et du Dasaveyāliya. De façon similaire, quand il emploie d'autre part l'optatif janne, l'auteur du Mahānisīha implique-t-il un présent actif transitif de type * jannai, “engendrer, faire” ? Il est remarquable que, pour le pa., la Saddaniti range effectivement les présents de la racine JAN dans la classe des divādi (485.23-29). 63. Voir Pischel $ 465: labbhā, de *labhyāt, comparable à sakkā, "genau = Vedisch sakyat". - Hendriksen (1.c., p. 105sq.) suggère un croisement de l'optatif avec le krtya (sakya-, labhya-). - Sur ces formes d'origine discutée, voir aussi AiGr. II 2 p. 896 $716h A, qui envisage comme possible point de départ le nom. sakvā (cf. fákvan-, ib. p. 895). D'où "labbhā 'licet' aus *labhvā". 64. Edition E. LEUMANN, ZDMG 46 (1892), p. 624.14*, v. 1. labbhai. Voir l'éd. PUNYAVIJAYA - BHOJAK, Bombay 1977 (Jaina Agama Series 15) V 2.48b = 261b et n. 3, p. 38: labbhihi, v.l. labbhahi, labhai, labbhai; Cürni labbhihiti.

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