Book Title: Reviews Of Different Books
Author(s): J W De Jong
Publisher: J W De Jong

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Page 3
________________ REVIEWS 299 savant occidental n'a consacré autant d'efforts à la traduction et à l'étude de l'ouvre d'Abhinavagupta. Abhinavagupta se sert d'un vocabulaire qui lui est propre. Au cours de ses travaux M. Gnoli doit sans doute avoir accumulé beaucoup de matériaux à cet égard et il rendrait de grands services aux études indiennes s'il voulait bien un jour compiler un lexique des termes employés par Abhinavagupta dans le Tantraloka et autres ouvrages. Quelques petites remarques pour terminer. Dans l'introduction M. Gnoli parle de kāla comme 'le mesureur' (il misuratore). Faute d'index il n'est pas possible de savoir si Abhinavagupta a qualifié le temps de mesureur mais dans le premier chapitre du Mālanīvijayatantra nous trouvons la stance suivante: (1.29) niyatir yojayaty enam svake karmani pudgalam kalo'pi kalayaty enam tutyadibhir avasthitaḥ M. Gnoli traduit: "L'anima (pudgala) è poi dalle necessità fissata su di una determinata cerchia di azioni. Il tempo, il quale si presenta in forma di tuti [le huitième d'une seconde), etc., infine la limita e misura." Le pāda kālo'pi kalayaty enam rappelle une stance célèbre du Mok şadharma (Mhbh. éd. de Poona, 12.220.35): kälena tvāham ajayam kalenāham jitas tvaya gantā gatimatām kālah kālah kalayati (v.1. kālayati) prajah Ici kalayati a sans aucun doute le sens de 'pousser' (cf. BR kal 1: treiben, antreiben). Le dictionnaire de Pétersbourg cite Bhagavadgitā 10.30b: kalah kalayatām aham que Schlegel rendait ainsi: "tempus ego numeros modulantium". La traduction de Schlegel est suivie par d'autres savants. Ne citons que Senart: "Je suis Kala (le Temps) entre tout ce qui se compte", et Zaehner: "among those who reckon I am Time". Toutefois, d'autres traducteurs préfèrent interpréter kalayati comme signifiant ici pousser'. Edgerton traduit: "I am Time of impellent forces". Dans une note il renvoie à la traduction de l'iśvaragītā par P.-E. Dumont (BaltimoreParis, 1933) où se retrouve ce même päda (cf. chap. VII.16b). Dumont traduit: "Parmi les forces qui poussent (qui pressent, qui contraignent), je suis le Temps (qui inexorablement pousse les êtres vivants vers la mort)." Il justifie sa traduction par une note dans laquelle il cite la stance du Moksadharma, mentionnée ci-dessus, et la stance suivante (éd. de Poona, 12.220.40): tvām apy evam sudurdharsam jvalantam parayā śriya kale parinate kalah kalayisyati (v.l. kalayisyati) mām iva. Déjà Garbe, dans sa traduction parue en 1905, proposait la même interprétation: “die Zeit unter den treibenden (Kräften)." Il ne semble faire aucun doute qu'il ne faille traduire ce pada comme l'ont fait Garbe, Dumont et Edgerton. L'interprétation de kalayati comme 'compter peut se prévaloir de l'autorité de Samkara et de Nīlakantha qui glose kalayatām par gananam kurvatām. Probablement les commentateurs indiens suivent le Dhātupātha qui a enregistré le sens de compter pour kalayati: kala gatau samkhyāne ca (Dhātupātha, éd. Böhtlingk X, 319). Néanmoins, ce sens ne semble pas être attesté dans les textes. En tous cas, il semble difficile d'interpréter kalayati dans Mälanīvijayatantra 1.29 autrement que dans la stance du Moksadharma citée ci-dessus. 5 Il se peut que d'autres traductions, parues avant et après celle de Garbe, donnent la même interprétation. Nous n'avons consulté plus au moins au hasard que quelques traductions seulement de la Bhagavadgitā. La première traduction européenne, celle de Charles Wilkins (London, 1785), suit l'interprétation traditionnelle: "I am kal (time) amongst computations."

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