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Raniero Gnoli (tr.), Luce delle Sacre Scritture (Tantrāloka) di Abhinavagupta (= Classici delle religione N. 25). Torino, Edizione U.T.E.T., 1972, 900 pp. L. 15.000.
Le Sivaïsme kashmirien a atteint son apogée dans l'euvre d'Abhinavagupta qui vécut du milieu du Xe siècle jusqu'au début du XIe siècle. Poéticien, philosophe et mystique, Abhinavagupta est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages. K. C. Pandey, auteur d'un ouvrage volumineux sur Abhinavagupta' et, à sa suite, d'autres savants ont divisé son activité en trois périodes: une période tantrique ou mystique, une période esthétique et une période philosophique. M. Raniero Gnoli, qui publia, il y a déjà presque vingt ans, un livre sur les théories esthétiques d'Abhinavagupta?, s'inscrit en faux contre cette tentative qu'il qualifie d'arbitraire. La longue introduction qui précède sa traduction du Tantrāloka fait ressortir clairement l'unité de la pensée d'Abhinavagupta. C'est certes un préjugé occidental que de vouloir séparer chrono logiquement des ouvrages qui traitent de sujets différents. En ce qui concerne Abhinavagupta, comme c'est le cas pour presque tous les penseurs indiens, il n'y a pas d'indications qui permettraient d'utiliser ses travaux pour tracer le développement de sa pensée. . .
Parmi les ouvrages de caractère tantrique ou religieux le plus important est sans doute le Tantraloka, ouvrage en trente-sept chapitres, qui, accompagné d'un commentaire de Jayaratha, auteur du XIIIe siècle, fut publié en douze volumes de 1918 à 1938 dans The Kashmir Series of Texts and Studies. Comme le relève M. Gnoli, le Tantrāloka n'est pas un ouvrage philosophique mais un manuel de mystique qui s'inspire de la tradition tantrique telle qu'elle est consignée dans des tantras anonymes. Le Tantrāloka est un ouvrage difficile mais M. Gnoli en facilite l'accès par son excellente introduction dans laquelle il esquisse l'histoire du Sivaïsme kashmirien et présente de manière très lucide les idées maîtresses de la pensée d'Abhinavagupta.
Ce sont ces mêmes qualités de clarté et de précision que l'on retrouve dans la traduction. Le Tantraloka traite d'un grand nombre de sujets, mais les notes qui accompagnent la traduction fournissent les renseignements dont le lecteur a besoin. M. Gnoli y cite aussi le commentaire de Jayaratha dont il ne partage pas toujours les opinions. Parmi les textes, cités par Abhinavagupta, l'ouvrage principal est le Mālinīvijayatantra dont M. Gnoli a traduit les chapitres I-IX et XI (cf. premier appendice, pp. 783-837).' Les autres appendices contiennent des passages de plusieurs textes et surtout de longs extraits du Parātrīśikāvivarana (pp. 165.3-192.7; pp. 45.1051.13: pp. 133.14-143.15 (appendices III-V, pp. 839-867). Le dernier appendice énumère les textes et les auteurs cités dans le Tantrāloka. Il n'y a pas d'index mais Abhinavagupta lui-même a résumé les arguments, traités dans les trente-deux premiers chapitres, dans les stances 287-328 du premier chapitre. M. Gnoli a utilisé ce sommaire pour indiquer le contenu des sections dans • lesquelles les chapitres se divisent.
Dans une note bibliographique M. Gnoli énumère les ouvrages d'Abhinavagupta, les traductions en langues occidentales, les travaux sur Abhinavagupta et le Śivaïsme kashmirien et," finalement, les traductions et commentaires d'autres textes du Sivaïsme kashmirien. Nous y apprenons que M. Gnoli a déjà publié en italien des traductions de deux autres ouvrages d'Abhinavagupta: le Tantrasāra qui se présente comme un résumé du Tantrāloka et la Parātrimsikālaghuvịtti (Torino, 1960 et 1965). M. Gnoli a également traduit d'autres textes du Sivaïsme kashmirien dans un volume intitulé Testi dello Sivaismo (Torino, 1962). Aucun autre
1 K. C. Pandey, Abhinavagupta, an Historical and Philosophical Study. Benares, 1935. Second revised edition, 1963 (cf. le compte rendu de Renou, JA, 1963, pp. 400-402). 2 The Aesthetic Experience according to Abhinavagupta, Rome, 1956. Second revised editon, Benares, 1968. 3 P. 833: corriger Capitolo X en Capitolo XI. 4 P. 61 lire L. D. Barnett pour L. D. Burnett. P. 62 la Somasambhupaddati a été traduite par Mme Hélène Brunner-Lachaux en français et non en anglais. Le deuxième volume a paru en 1968.