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Journal of the European Ayurvedic Society 2 (1992)
ème jour. Le garçonnet est ensuite soigné par cinq nourrices, et, à l'âge de huit ans, confié à un maître chargé de lui enseigner les arts et métiers, maître jaina, comme le suggère le terme de kalā-süri (172.26). Là où, pour évoquer cette phase, les textes se contentent habituellement d'une banale formule, Jineśvara, par le biais de la mise en scène narrative, présente une sorte de manifeste destiné à souligner la supériorité de l'alchimie sur les autres kala. Il est amorcé par le père de Sundaridatta, qui tient à vérifier que son fils n'a pas perdu son temps en apprentissages superflus et l'interroge sur le bilan de sa formation:
gandhavva-natta-vīņā-pattacchejjai taru-tigicchā ya āsa-kari-sikkha-samuddajam ca taha leppa-cittaim. eyam viņoya-mettam, dhaņu-cchuriya-khagga-kunta-m-di vi. jão para-uvajīvana-mettão kalão kim tahim? cão bhogo dhammo sijjhai attheņa so jaha hoi tam kim pi kalam sahasu; na amha annähi[m] kajjam tu. (172.28*-30*) 'Chanter (1), danser (2),(jouer de) la vina (3), découper (artistement) des feuilles (4), soigner les arbres (5), apprendre (la science) des éléphants et des chevaux (6), (pratiquer) la chiromancie (7; cf. sk. sāmudrika), le moulage et la peinture (8-9): tout cela n'est que passe-temps, - et il en va de même (du maniement) de l'arc, du couteau, de l'épée et de la lance (10). Ces techniques n'autorisant qu'une vie dépendante d'autrui, à quoi servent-elles donc? Puisque la générosité, la jouissance et le dharma ne peuvent réussir qu'avec de l'argent, expose une technique qui permette d'en obtenir. Les autres ne nous intéressent pas.'
On aura reconnu certains termes qui, tels quels ou non, figurent dans les listes jaina traditionnelles des soixante-douze kala32: no 1-3; 4 (JAIN, p.228 n.3); 8-9; assez vague, le composé āsa-kari-sikkha (n° 6) rappelle les vocables du Samvāyanga (äsa-sikkham et hatthi-sikkham: no 64-65), qui, en outre, compte comme techniques indépendantes la connaissance des marques équines et éléphantines (haya-lakkhanam et gaya-lakkhanam: n° 30-31), seule attestée dans les autres listes. Le soin des arbres a sa place dans la liste du Kamasutra, et il faut probablement attribuer aux besoins de la cause la dévalorisation (passagère) de la science de la chiromancie, ou, plus largement, des signes pronostiques (n° 7), habituellement non dédaignée par les jaina, comme le montre, par exemple, un exposé très détaillé d'Uddyotanasūri dans la Kuvalayamāla (129-131). Quant aux arts
29 Imprimant pattacchejjāi-taru", l'éditeur semble avoir compris l'équivalent du sk. "chedyadi, avec ādi au milieu du composé. Bien que cela ne soit pas impossible en prakrit (et en sanskrit jaina), il me semble préférable de voir dans l'ensemble deux composés: 1) un dvandva au nomin. plur. neutre (-ai pour aim: la brève est nécessaire pour former le sixième gana procéleusmatique); 2) après la césure, le composé taru.
30 Le texte imprimé porte cchuriya qui détruit la régularité métrique.
31 Les voyelles finales de mettão et kalāo sont à lire brèves.
32 Tableau synoptique fondé sur les différents textes canoniques par Muni Jambūvijaya ad Samavāyangasutta 72, p.758ss. (Bombay 1985: Jaina-Agama-Series 3). Analyse dans J.C. JAIN, Life in Ancient India as Depicted in the Jain Canon and Commentaries, Delhi 21984, 227-229. Pour les listes non jaina, bonne synthèse dans RADHA KUMUD MOOKERJI, Ancient Indian Education, Delhi *1969, 353ss.
33 Voir, par exemple, Das Wissen von der Lebensspanne der Bäume, Surapālas Vpkṣāyurveda kritisch ediert, übersetzt und kommentiert von R.P. DAS, Stuttgart 1988, 2.