________________ Formes et terminologie du narratif jaina ancien 239 8. Cependant, la fable n'est pas la seule realisation possible du kappiya ainsi compris. Voici la traduction des "serpents jaloux (colere, etc.) dans l'histoire de Nagadatta 54", exemple des Ecritures que Siddharsi allegue aux cotes des trois fables sus-dites (a, b et c: supra $ 7.1). [Prose] "Deux moines quelconques (re)naquirent dans le monde des dieux et conclurent un accord. D'autre part, apres avoir presente cent requetes a une divinite Naga (dans l'espoir d'avoir un fils), un marchand l'entendit lui repondre: 'Tu auras un fils qui descendra du monde des dieux'. Un dieu descendit effectivement et naquit comme le fils de ce couple. On l'appela Nagadatta. Il etait expert dans les soixante-douze arts et techniques, mais aimait par-dessus tout la musique. On le surnomma donc Gandharvanagadatta. Entoure de ses compagnons, il menait une vie agreable. Or le dieu (son ancien compagnon d'existence), a plusieurs reprises, chercha a l'Eveiller, mais en vain. Un jour, sans se faire reconnaitre comme ascete ---- il n'en avait en effet pas les accessoires -- (le dieu) mit quatre serpents dans des paniers, et se promena non loin de Gandharvanagadatta, dans le parc ou s'etait rendu le jeune homme. Ses amis lui dirent la nouvelle. G., venu trouver le dieu, s'enquit: 'Qu'y a-t-il la-dedans?' -- 'Des serpents'. Le * jeune homme propose de s'amuser: 'Tu joues avec les miens, et moi avec les tiens.' Le dieu s'amuse avec les serpents du jeune homme, et, bien que mordu par eux, ne meurt pas. Jaloux, G. dit: 'Je veux aussi m'amuser avec les tiens'. Le dieu n'est pas d'accord: 'Tu risques de te faire mordre'. G. continue. 'Tu vas mourir', dit le dieu. Il continue pourtant. Finalement, comme il insiste, le dieu dessine un cercle (mandala), place les paniers aux quatre points cardinaux, puis, devant tous les amis de G. rassembles, il explique: [Vers), 'G. souhaite jouer avec les serpents. Si jamais il est mordu, il ne faudra pas m'en imputer la faute (1252). Le serpent a les yeux couleur de soleil levant, le bout de la langue aussi mobile que l'eclair. Ses crocs contiennent un poison terrible, sa colere est aussi brulante qu'une fournaise Vinodakathasam graha, no 59; et voir J.C. JAIN, Prakrit Jain Narrative Literature. Origin and Growth, Delhi 1981, p. 8. 54. Avasyaka-curni, vol. 2, Ratlam 1919, 65.9-67.9; Avasyaka-niryukti v. 12521270 (cites in extenso dans la tika de Haribhadra, p. 565a. 10-569a.3).