Book Title: Book Reviews
Author(s): J W De Jong
Publisher: J W De Jong

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Page 1
________________ 70 REVIEWS Lilian Silburn, Śivasütra et Vimarsini de K semarāja. Traduction et introduction (Publications de l'Institut de Civilisation indienne, fasc. 47). Paris, Institut de Civilisation indienne, 1980. VII. 193 pp., 1 pl. La Vimarsini de Ksemarāja est un des ouvrages les plus importants de l'école sivaite cachemirienne du Spanda. Déjà en 1946 Mlle Lilian Silburn en avait présenté une traduction comme thèse de l'École pratique des Hautes Études. Le présent travail est le fruit d'une longue familiarité avec les textes sivaites du Kasmir. L'ouvrage de Ksemarāja n'est pas facile à lire car il essaie de décrire une expérience mystique plutôt qu'un système philosophique. Mlle Silburn s'est efforcé de traduire le plus exactement possible la terminologie qu'il emploie. La traduction annotée est suivie d'un commentaire détaillé qui analyse et explique le texte. Les termes techniques sanskrits accompagnés d'une traduction française sont consignés dans un index qui est très utile surtout pour le lecteur non-spécialiste. Presqu'en même temps M. Jaideva Singh a publié également une traduction de l'ouvrage de Kșemarāja: Šiva Sutras, The Yoga of Supreme Identity. Delhi-Varanasi-Patna, 1979. Le travail de M. Singh contient une longue introduction (pp. 1-lii), le texte sanskrit et la traduction de la Vimarsini, un glossaire de termes techniques, et un index de mots sanskrits importants. Les traductions de Mlle Silburn et de M. Singh sont toutes les deux excellentes. Il y a évidemment ici et là de petites différences dans l'interprétation du texte mais on ne trouvera guère de divergences majeures. La comparaison de ces deux traductions est instructive, car elle aide à comprendre les difficultés devant lesquelles les traducteurs se sont trouvés. Mlle Silburn et M. Singh suivent de près le texte à quelques exceptions près. Mlle Silburn montre quelque fois une certaine tendance à adhérer au sens étymologique d'un mot. Par exemple, elle traduit le verbe -un-mis- par "ouvrir, dessiller les yeux". Dans l'introduction le texte lit: Śaktipätavasonmisanmäheśvarabhaktyatiśayāt. M. Singh traduit: "owing to excess of devotion to Mahesvara, which (devotion) blossomed forth by divine grace" (p. 4). Mlle Silburn traduit: "en raison de son extrême Amour envers le Seigneur, ses yeux furent dessillés sous l'influence de la grâce divine" (p. 31). C'est la dévotion qui surgit par le pouvoir de la grâce divine, et le sens primitif d'un mis n'a rien à faire ici. Ksemarāja emploie aussi ailleurs le verbe un-misau sujet du pouvoir de la grâce divine (saktipātavasa), cf. III. 35 et III.40 et les traductions de Mlle Silburn (pp. 102 et 107). Dans I.15 se trouve l'expression cittasamghatta: hşdaye citta samghattad drśyasvāpadarśanam. Ksemarāja explique: tatra cittasamghattāc calataś calatas tadekågrabhāvanāt. M. Singh traduit: "cittasamghattat means the concentration of the fickle mind on that (foundational consciousness)" (p. 59). Mlle Silburn traduit: "qu'en lui la conscience empirique naturellement très instable fond par friction quand elle se centre sur ce seul point" (p. 50). Quand l'esprit instable se centre sur un seul point il ne fond pas par friction mais il s'unit et se concentre. En expliquant le mot citta Ksemarāja écrit: cetyate vimrsyate anena param tattvam iti cittam (11.1). M. Singh traduit: "cittam in this context means that by which the Highest Reality is cognised" (p. 82). M. Singh ne traduit pas vimrsyate. Mlle Silburn traduit: "La conscience est ici ce par quoi la suprême Réalité est 'touchée', consciemment réalisée, perçue par un acte conscient" (p. 59). M He Silburn semble omettre le mot cetyate et expliquer 'touchée par 'consciemment réalisée et perçue par un acte conscient'. Cette traduction est plutôt une paraphrase. Ici et là on rencontre d'autres exemples de traductions qui ajoutent beaucoup au texte. Dans 1.10 Ksemarāja explique le mot sausuptam: yas tv aviveko vivecanabhāvo 'khyātih, etad eva māyārūpam mohamayam sausuptam. Mlle Silburn traduit: "L'état de sommeil profond est non-perception, inconscience, absence de discrimination, illusion, car on s'égare quant à la nature véritable; c'est la non-perception des choses et aussi l'obscurcissement" (p. 45). M. Singh, au contraire, omet plusieurs mots du texte sanskrit: "That which is a state of aviveka i.c. complete lack of awareness is delusive deep sleep" (p. 42). Le passage suivant n'a pas été compris par Mlle Silburn: yo yam avivekah, prthak tväbhimatanam Indo-Iranian Journal 27 (1984)

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