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Colette CAILLAT
étrangers, au-delà des frontières (XIII G ss.; M; Q ss.).
2. Plusieurs des professions de foi formulées dans XIII se retrouvent dans les édits Sep(arés) du Kalinga", l'attitude générale du roi étant d'ailleurs identique ici et là: il souligne qu'il faut exercer toute la clémence possible (XIII (L), Sep II (G) infra). Car, dit Asoka, "tous les hommes sont mes enfants" (JB, Sep II E), "gagnons donc l'affection des hommes" (JB, Sep I D).
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Les édits séparés spécifient le comportement recommandé non pas envers trois groupes, mais envers deux: les sujets du royaume (Sep I, (J) ss.), et les voisins "indépendants" (Sep II (G) ss.). Il n'est ici rien dit des atavi.
3. Au total, les méthodes de gouvernement préconisées peuvent se résumer en trois points: 1) faire preuve de patience et savoir pardonner (kşam-)"; 2) expliquer, pour rassurer, gagner la confiance (asvaseyu ca me, Sep II (H) Jg), afin de 3) convaincre, changer fondamentalement les comportements et les mentalités. Car il faut bannir violence et manifestations d'agressivité. L'édit XIII (P) définit la vraie, la seule victoire: la "victoire de la Loi", dhrama-vijaya. Enfin, en XIII (X) le souverain recommande que ses successeurs "ne songent pas à de nouvelles victoires", "qu'ils ne considèrent comme victoire que la victoire de la Loi" (JB).
Ces déclarations nettes, insistantes, sont sans équivoque. Aussi convient-il de les prendre en compte si l'on souhaite élucider, là où il pourrait être ambigu, quelque détail du message d'Asoka.
4. Or on s'est interrogé, entre autres, sur le souhait exprimé en XIII (M-N) à propos des atavi: Asoka 1) cherche et à les gagner (anuneti) et à les faire réfléchir (anunijapeti); 2) il rappelle explicitement, conjointement, ses propres remords (anutape) et sa force (Sh prabhave, Er -bhave), 3) cela dans un double espoir: d'abord, celui que les atavi se repentent (avatrapeyu); ensuite, na ca hamneyasu, proposition corrélative, qui a embarrassé. Les modernes ont presque tous vu dans cette forme verbale un passif, héritier direct du passif v(ieil) i(ndo-aryen), han-ya-. On a donc compris "et que les atavi ne soient plus tués", non sans le sentiment de quelque incohérence dans l'exposé d'Asoka. Pour l'expliquer, on a regardé cette proposition comme une menace voilée, l'annonce d'un châtiment sous-entendu, d'une répression en cas de désobéissance. La phrase a servi d'argument dans les discussions relatives au gouvernement et
4. Tantôt Dh(auli) tantôt J(au)g(ada) se trouve cité ici, selon l'état de conservation de l'épigraphe. 5. Jg: sa(v)va-munisa me paja, cf. Sep I (E).
6. Sep II (G) Dh: khami(s)sati // e chakiye khamita(v)ve; XIII (L): khamitaviya-mate va // yo ca kşamanaye, "pense qu'il faut patienter autant qu'il est possible de patienter" (JB).
7. Difficile, le passage a été abondamment discuté. La présente analyse porte essentiellement sur le verbe final, incontestablement optatif, 3 pl., de HAN-, Sh (clairement) hamneya(m)su, Er (restituable) hamne(m)su (-ne- clairement lisible).
Sanskritisation du texte selon D.C. Sircar, Select inscriptions I, p. 38: (M) anunayati anunidhyāpayati // (N) avatraperan (=samkuceyuḥ), na ca [tatha kṛtvä] hanyeran. En (M), Sh porte -nijapeti, que Schneider retient, sans doute à juste titre: exemple de déaspiration, en gandhari, en regard du prakrit standard -jh-.