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BEI 9 (1991): 9-13
Colette CAILLAT
Asoka et les gens de la brousse (XIII M-N)
"qu'ils se repentent et cessent de tuer”l Résumé de la communication présentée le 12 décembre 1991.
1. Concluant la série de ses grands édits sur rocher, Asoka note qu'il n'a pas reculé devant les redites (XIV D). En cas d'hésitation sur l'interprétation d'un passage, le lecteur est donc, en quelque sorte, invité à rechercher dans les énoncés connexes tous les éclaircissements utiles.
Remarquable à bien des égards, le long édit XIIIP déplore les misères de la guerre (telle celle du Kalinga) et de ses séquelles. Par contraste, il définit les fondements de la politique de l'empereur, les méthodes qu'il juge bon de mettre en oeuvre. En particulier il précise son attitude à l'égard de trois grands groupes de populations: les sociétés policées de type indien (constituées de brahmanes, samanes et autres), les ațavi les
1. Jules Bloch, Les inscriptions d'Asoka. Traduites et commentées. Paris 1950, p. 129 et n. 16. – Les traductions de Jules Bloch seront généralement retenues ici et signalées par ses initiales (JB). Comme dans JB, les chiffres romains renverront aux grands édits sur rocher, les chiffres arabes aux édits sur pilier.
Les citations du texte des édits et la segmentation en paragraphes (A, B...) suivent en principe E. Hultzsch, Inscriptions of Asoka, Oxford 1925 (CIII). Voir aussi Ulrich Schneider, Die grossen Felsen-Edikte Ašokas, Wiesbaden 1978.
2. On sait qu'il ne figure pas au Kalinga. En revanche, il semble avoir été mis en valeur au nord-ouest, y a existé en version grecque (au moins pour le début), cf. l'étude d'E. Benveniste, JA 252 (1964), 137-152.
Très endommagé à Girnar), notamment dans sa partie médiane, l'épigraphe a aussi souffert sur les sites qui utilisent un moyen) i(ndo-aryen) "oriental", à Ka(Isi) et Er(ragudi). La version la mieux conservée est celle de Shahbazgarhi), au nord-ouest, en écriture kharoşthi et langue gândhāri (voir les particularités de ce prakrit dans JB, "Introduction linguistique"). C'est donc la version de Sh qui sera, le cas échéant, citée ici. La contre-partie grecque ne nous est pas connue.
3. Sur ce mot, CII I 69 n. 3, ubi alia: "the inhabitants of the forests" (Hultzsch); "la brousse" (JB); "die Dschungel-bewohner" (Schneider);"peut-être les populations non aryanisées qui subsistent encore au centre de l'Inde", G. Fussman, "Pouvoir central et régions dans l'Inde ancienne", Annales 4 (1982), 627.
L'Arthaśāstra recourt à cette dénomination, voir les emplois et valeurs, 1.18.7, etc.: "forest-dwellers" or "foresters", Kangle, The Kaufiliya Arthaśāstra II p. 67 n. 5. - Quelles que soient les différences de date entre les Edits et l'AŚ, ces deux textes réfèrent évidemment à des contextes comparables, en sorte que leur comparaison s'impose.
On notera que, mentionnés dans XIII, les afavi ne le sont pas dans les édits Séparés) du Kalinga ($ 2): omission significative? Est-ce à dire que, dans XIII, atavi désigne, au sens large, le pays conquis (cf. infra $$ 8-9)?