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Journal of the European Ayurvedic Society 3 (1993)
APPENDICE
Notes d'alchimie jaina (Compléments à JEĀS 1.1990, p.149-164 et 2.1992, p.134-150)
1. LE PRATICIEN DU DHĀTUVĀDA Voici comment l'Upamitibhavaprapancā Kathā de Siddharşi (début du IXe s.) évoque sa vie, une vie haletante faite d'espoirs et de déceptions (cf. JEĀS 1, p.161): 'Il s'adonne à la métallurgie(/l'alchimie), fréquente les Maîtres alchimistes (narendra), reçoit leur enseignement, rassemble des racines (mūla-jālāni), collecte minéraux et terres (dhātu-mrttikān), incorpore le mercure (samupadhaukayati pāradam); les processus d'assimilation, de solidification et de mort du mercure (jāraṇa-cāraņamāraṇa-karaņa) le mettent dans les tourments. Jour et nuit, il fait chauffer le minerai (dhamate), n'arrêtant pas de souffler bruyamment (pūt-karoti). S'il réussit à obtenir une particule d'or ou d'argent, la joie l'envahit (pita-sveta-kriyayor leśa-siddhau hrsyati). Son seul régal, jour et nuit, c'est l'espoir (khādati ... āśā-modakān); et pour cela, il est prêt à dépenser le peu d'argent qui lui reste. L'agitation que provoquent des rites mal réussis le tue' (UK 60.12-18).
2. VOCABULAIRE TECHNIQUE DE LA MÉTALLURGIE ET DE L'ALCHIMIE Pk. akkhara, sk. akşara (JEĀS 1, p.156-157), l'Impérissable', pourrait
bien désigner le mercure plutôt que l'or, comme amsta, revêtu de connotations comparables (Rājanighanțu v.108: R. GARBE, Die indi
schen Mineralien, p.15). Pk. kallāņa, sk. kalyāņa (JEĀS 2, p.138 et n.23), ‘or': le terme est bien
attesté dans la littérature jaina en sanskrit, par ex.: Pradyumnasūri, Samarādityasamksepa 8.249; Bhāvadevasūri, Pārsvanāthacarita 1.48 et 1.782 (M. BLOOMFIELD, The Life and Stories of the Jaina Savior
Pārçvanātha. Baltimore 1919, p.212 et 224). Gandha (JEĀS 1, p.157) était ici à comprendre comme une abréviation
de pütigandha que les lexiques spécialisés enregistrent au nombre des synonymes de trapu et vanga 'étain' (ex. GARBE, op. cit. v.21, p.6), et non comme désignant le 'soufre'. Recourir à la variante
était par conséquent superflu. Pk. dhāum dhamai, sk. dhātum dhamati (JEĀS 1, p.155; 2, p.136), 'faire
chauffer le métal': l'expression est bien attestée dans la littérature