________________ Formes et terminologie du narratif jaina ancien 237 (d) Dialogue entre un veau et sa mere: "Un exemple imaginaire (kappiyam udaharanam). On est en train d'engraisser un belier pour l'offrir a des invites. Une fois qu'il est bien gras, on lui applique sur le corps du vermillon et d'autres couleurs, on lui perce les oreilles. Les garcons (de la maison) l'amusent avec toutes sortes de jeux. Or, le voyant ainsi dorlote, un veau se met en colere et refuse de boire le lait que sa mere lui conserve tendrement et que le trayeur, mu par la compassion, lui laisse pourtant. Sa mere le questionne. Il repond alors: "Maman! Il a de la chance, lui, tous les membres de la famille de nos maitres le soignent comme un fils. Ils lui donnent le fourrage et la nourriture qu'il aime et qui lui conviennent, ils lui mettent toutes sortes de parures, et moi, pauvre malheureux, je n'ai, pour pature, que de l'herbe seche, et encore, pas suffisamment. Et de meme pour l'eau. Personne ne me choie... 48 Il est possible que l'inventaire ne soit pas exhaustif, mais la celebrite durable et le caractere traditionnel des trois premiers recits sont du moins confirmes par le renvoi qu'y fait Siddharsi, auteur de l'Upamitibhavaprapanca Katha (debut du IXe s.: infra SS 10). 7.2. Tous ces recits ont un point commun, que relevent les exegetes: ils incarnent l'invraisemblable absolu: "Il n'y a pas, ni n'y aura jamais, -- ecrivent-ils -, de conversation entre un gravillon et un nuage (1 entre un bourgeon et une feuille seche). En verite, cette analogie est destinee a Eveiller ceux qui peuvent l'etre49". L'analogie en question est celle qui consiste a personnifier et a surimposer des comportements humains a ce qui ne les a pas par nature, en particulier a douer de parole et de sentiment le regne vegetal ou appahei padantam pandura-vattam kisalayanam, Uttaradhyayana-niryukti v. 306-307 (commentaire de Nemicandra p. 159b); la deuxieme strophe est egalement citee dans la Dasavaikalika-curni 21.3 et la Sthananga-vitti p. 254a. 48. Uttaradhyayana-curni 158.10-14, et autres commentaires de l'Uttaradhyayana afferents au debut du septieme chapitre. 49. Na vi atthi na vi ya hohi ullavo mugga-sela-mehanam (1 kisalaya-pandupattanam); uvama khalu esa kaya bhaviya-jana-vibohan'-atthae, Uttaradhyayana-niryukti v. 308 (cite par Hemacandra Maladharin, commentant le Visesavasyaka-bhasya v. 1457).