________________ 116 Cette traduction presuppose la forme atmabhedas dans le vers. La phrase en sanskrit ne presuppose pas necessairement cela. Elle montre seulement que l'auteur de la Vstti pensait a deux formes, atmabhedan et atmabhedas, la premiere dans le cas ou atmabheda est l'objet du verbe 'dire', la deuxieme si la proposition atma bhedas tayon asti est imitee. Mais pourquoi l'auteur de la Vitti a-t-il pense a deux formes? Deux reponses semblent possibles : (i) Il a trouve les deux formes dans ses manuscrits. (ii) il n'en a trouve qu'une, mais il l'a jugee moins 'naturelle' que l'autre; en consequence il a explique la forme invraisemblable. Les deux reponses ne sont possibles que si l'auteur de la Vrtti n'etait pas l'auteur des strophes. Dans le premier cas, l'auteur de la Vrtti connaissait une variante; dans le deuxieme, il jugeait la lecture qu'il trouvait difficile, mais il ne pouvait pas, ou n'osait pas, la corriger. Retournons a l'ensemble d'arguments enumeres plus haut, sauf le dernier. Qu'est-ce qu'ils prouvent ? Rien au sujet de l'identite des auteurs des deux textes ! Ils ne prouvent rien quant a leur identite puisque c'etait un usage stylistique datant environ de la periode du vakyapadsya d'unifier commentaire et texte commente, de sorte qu'il est souvent difficile de les separer. Nous allons examiner quelques exemples de cet usage stylistique. Excursus : le probleme de la relation entre commentaire et texte commente : quelques exemples. (i) Le Yoga-bhasya commente, et renferme, les Yoga-sutra. Traditionnellement le bhasya est attribue au personnage mythique de Vyasa, et les Yoga-sutra a Patanjali. Pourtant le colophon du bhasya ne mentionne qu'un seul nom, celui de Patanjali. Dans le bhasya plusieurs renvois aux sutra sont ecrits a la premiere personne, ce qui pousse a croire que sutra et bhasya forment une unite indissoluble. Le bhasya, en outre, ne mentionne pas de variantes des sutra. Le Yoga-bhasya ne donne pas non plus d'interpretation double d'un seul