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commandent sans trêve tout le déroulement d'un débat vyākaranique, une traduction littérale devrait être amplifiée par bien plus d'éclaircissements complémentaires qu'on n'en trouve, au moins, dans l'ouvrage de M. Subrahmanya Sastri. C'est surtout le cas lorsqu'il s'agit de préciser - concrétiser, serais-je tenté de dire – notre compréhension à tout moment, de nous former une idée exacte de la portée opératoire que chaque observation figurant dans le texte ne manque pas d'avoir sur un stade défini de la formation -- ou de l'analyse, si l'on regarde en sens inverse - des mots cités à l'appui de cette observation.
Telle est l'impression qui me domine depuis que j'ai appris, en quelque sorte, à lutter contre le Bhāșya, grâce à M. L. Renou qui m'a invité, à mon grand honneur, à collaborer avec lui sur le chapitre initial de la Kāśikā. Le premier fascicule de cette "Kāśikā-Vrtti traduite et commentée" (abrégée ci-dessous par Kāś.) a paru naguère dans les Publications de l'EFEO, vol. XLVIII. L'impression du fascicule suivant est prévue d'ici quelques mois. En substance donc, le présent essai de traduction ne différera guère de ce qu'on trouvera, sous forme de Rés[umé] du Bh [āşya), dans la suite de Kāś. Mais on a pris soin, délibérément, de mettre entre parenthèses toutes les amplifications jugées nécessaires; en négligeant ces éléments, on retrouvera pour ainsi dire une traduction littérale du texte sanskrit, tel que le donne l'édition monumentale de F. Kielhorn. Chaque débat est numéroté d'un chiffre romain et suivi d'une référence en chiffres arabes, qui renvoie aux pages et lignes de l'édition Kielhorn, vol. I (BSS XVIII-XX).
Quant à distinguer les participants à chaque débat, je ne tiens pas néces. sairement à une rigueur absolue : je me contente d'y voir, en principe, la confrontation de deux seuls polémistes de force égale - que je nomme A et B sans les qualifier de pūrvapakşin/utta rapakṣin -, tout en réservant la présence possible d'un troisième interlocuteur, siddhāntin ou ekadeśin, dans la mesure où cet éclectisme ne risque pas de faire perdre le fil conducteur. Une ligne verticale en marge gauche signale la conclusion définitive du débat (siddhānta) et, le cas échéant, les observations antérieures d'importance spéciale que la conclusion tend à légitimer. J'espère ainsi atteindre, tout au moins, le niveau de V. Trapp dans sa traduction partielle du Bhāşya (“Die ersten fünf Āhnikas”, Leipzig 1933).
Mon attitude éclectique se révélera peut-être de conséquence plus fâcheuse, en ce qui concerne les limites dans lesquelles j'ai l'habitude d'interpréter les arguments patañjaliens : - suivre le Pradipa de Kaiyața sans critique, pour autant qu'à mon sens il fournisse une idée suffisamment claire du passage en