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LE MAHABHASYA, ADHYAYA I, AHNIKA 8
A
Un essai de traduction
par
YUTAKA OJIHARA
Avant-propos
A moins qu'on ne vive personnellement au dedans de la haute tradition d'études grammaticales que maintient toujours l'érudition indienne, la prétention de traduire in extenso une oeuvre telle que le Mahābhāṣya sera plus ou moins téméraire, ne fût-ce qu'à titre d'essai, et sur une portion minime du texte. J'en ai conscience plus que personne; et dans mon cas la témérité se multiplie à outrance, puisqu'il s'agit de rendre un texte aussi ardu dans une langue qui n'est pas la langue maternelle du traducteur, et dont celui-ci ne possède qu'une connaissance fort médiocre. Si je m'y hasarde néanmoins, c'est en bonne partie parce que je puis bénéficier - abuser sans doute de son point de vue de la présence temporaire de M. Jacques May dans notre cercle de Kyoto. Qu'il me soit permis, dès maintenant, d'exprimer à M. May ma plus vive reconnaissance pour toute l'amélioration que le présent essai doit, en matière de rédaction française, à sa gentillesse vraiment extraordinaire.
Je n'ignore point que, par ses "Lectures on Patañjali", dont cinq tomes ont paru depuis 1944, M. P. S. Subrahmanya Sastri, professeur à l'Univ. d'Annamalai, nous offre déjà la première moitié du Bhasya en traduction anglaise. On entend dire aussi que M. K. V. Abhyankar, du BORI, en prépare de son côté une version anglaise, sur la base des sept volumes en marathi (BORI 1938-54) -seule traduction intégrale existante à l'heure actuelle qui témoignent pour toujours de la rare érudition de son père, le feu Mahamahopadhyaya V. S. Abhyankar. Vait-on voir ainsi paraître une traduction complète en langue occidentale de cette summa grammaticae indicae, qui comblerait une lacune déplorée de longue date par l'indianisme international? Ma réponse personnelle, toutefois, ne pourrait être que quelque peu réservée; car, pour nous permettre de suivre pas à pas le fil des raisonnements, en bonne partie implicites, qui