Book Title: Mimansa Chapter Of Bhavyas Madhyamaka Hrdaya Karika
Author(s): Shinjo Kawasaki
Publisher: Shinjo Kawasaki

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Page 18
________________ Blaise Pascal et Port-Royal (I) Katsuhisa IZUKA Depuis sa première conversion en 1646, Pascal s'était mis en rapport avec le milieu de PortRoyal. C'est pourquoi ceux qui s'intéressent à sa pensée, surtout religieuse, sont invités à tenir le plus grand compte de l'histoire de Port-Royal et du jansenisme. Ayant déjà fait une brève étude sur la situation historique du jansenisme (Voir: Le jansenisme et l'Abbaye de Port-RoyalLeur rôle dans la pensée moderne-, La Pensée, janvier 1976), nous traitons dans le présent article des solitaires de Port-Royal et de leur attitude à l'égard du cartesianisme. En premier lieu, nous considérons la présence des solitaires à Port-Royal comme très importante non seulement dans l'histoire de cette fameuse Abbaye, mais aussi dans celle de la pensée moderne. La plupart d'entre eux étaient, avant de quitter le monde, des personnes relativement haut placées, c'est-à-dire des ecclésiastiques, des théologiens, des avocats, des médecins ou des gentilshommes etc. Ils abandonnèrent leur fonction sociale sous l'influence de l'abbé de SaintCyran, directeur des religieuses de Port-Royal, et là se consacrèrent à la lecture ou à la traduction de la Sainte Bible, à la méditation, à la prière, au travail manuel et aussi à l'enseignement dans les petites écoles de Port-Royal. Selon Augustin Gazier, auteur de l'Histoire générale du mouvement janseniste, «c'était une association de personnes de piété, groupées en petit nombre pour travailler simultanément, chacun dans sa sphère, à la grande affaire de leur salut. Point de chef auquel on dut obéir, point de voeux, pas même de résidence obligatoire.» Il nous semble que cette tendance, pour ainsi dire individualiste, dans leur attitude devant Dieu et le monde, leur a permis de se rapprocher du cartesianisme. C'est le deuxième point dont nous voulons traiter dans le présent article. Bien que la prospérité du cartesianisme à PortRoyal pendant la dernière moitié du 17° siècle, dont parlent Antoine Adam et d'autres auteurs, puisse signifier «le changement de qualité de Port-Royal», nous croyons qu'il ne faut pas nécessairement considérer ce phénomène sous l'aspect négatif. Dans le cas contraire, est-il possible d'expliquer suffisamment comment le cartesianisme a gagné une si rapide victoire sur Port-Royal qui se montrait pourtant résolu dans la lutte contre les jésuites ? Enfin, ce que nous venons de dire nous conduira à une autre question: comment doit-on considérer le rapport entre la pensée de Pascal et le cartesianisme ? D'une part, on pourrait répondre tout de suite que leur opposition est radicale, en se souvenant des controverses avec le Père Noël en 1647, du «Mémorial» au temps de sa soi-disant conversion définitive ou de quelques fragments hostiles à Descartes dans les Pensées. D'autre part, on sait que la tentative de les rapprocher jusqu'à un certain point n'est pas impossible, comme l'a fait Michel Le Guern dans son livre si intéressant Pascal et Descartes. Quant aux Pensées par exemple, on constatera assez facilement que les fragments critiquant Descartes (frs. 84, 553, 887, 1001 etc.) sont dans les papiers non classés excepté le fragment 84. De plus, ce qui importe le plus dans ce cas, c'est que le fragment 84 ait été rayé par Pascal. Au contraire, dans les papiers classés se retrouvent presque tous les fragments qui font de la pensée l'attribut essentiel de l'homme, qui insistent sur la dignité de la pensée humaine, ou qui suggèrent que les animaux sont de pures machines (frs. 105, 111, 118, 200, 759 etc.). Ces remarques ne sont évidemment qu'une simple allusion au problème, mais celle-ci nous obligerait à examiner le rapport entre Descartes et Pascal sous divers aspects. En nous fondant sur ce que nous avons résumé ci-dessus, nous voudrions examiner plus en détail la pensée de Pascal par rapport à Port-Royal. – 18 –

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