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REVIEWS
apūrvo'pi: rūpavän alamkṛtaś ca naro 'purvo 'pi sarvatra gaurava-patram bhavet. "Même inconnu, un homme beau et paré sera honoré partout."
P. 189. Mlle Balbir traduit adina-mukhi par "la tête basse". Le texte insiste sur le fait que la fille du roi n'est pas déprimée par son mariage avec un lépreux.
P. 194: "Une gorgée d'eau donnée à temps suffit à ranimer un évanoui. Que dire, ma belle, de l'eau de cent jarres donnée à des morts." (22)
Le texte est le suivant:
kara-caluya-pāṇiena vi avasara-dinneņa mucchio jiyai. pacchā muāṇa, sundari, ghaḍa-saya-dinnena kim tassa.
La stance indique la différence entre un don insignifiant donné à temps (avisara) et un don important donné trop tard (paccha). La deuxième ligne dit: "A quoi bon, ma belle, donner plus tard l'eau de cent jarres à des morts." La stance se retrouve plus loin (p. 142) où elle est suivie par les mots kim punaḥ karinah "Combien de plus (le don) d'éléphants". Mlle Balbir traduit aussi bien kim que kim punar par "que dire". Ainsi le don des éléphants dépasserait encore en importance le don de l'eau de cent jarres à des morts!
P. 197. Mlle Balbir traduit särdha-dvadasa "douze et demi" par "dix-huit".
P. 217. Bien que Simha ait été dit être comme un père (pitṛ-sama) pour la fille du roi, on ne peut guère traduire ici tāta par "père".
P. 218. Le roi veut tuer le ministre qui a calomnié sa fille. Son mari Mangala intervient en disant: ayam mama pitṛ-tulyo; na maraniyah. Le texte continue: rajñā tatra sthapitaḥ. kiyaty api gate kale, rajñā sa sva-rajye nivesitaḥ (p. 157.19-20). Mlle Balbir traduit: "Le roi le garda en résidence surveillée. Quelque temps passa. Le roi confia son royaume à Mangala." Tout ce passage se rapport à Mangala. Le roi l'établit dans son royaume. Plus tard il lui confie le royaume.
P. 218: "Un jour, Jinadeva se mit en tête de partir dans une autre contrée pour gagner de l'argent. Il fit un don à son ami: il lui remit dix mille dinārs." Le texte lit: nija-mitrasya pārśvād dānam dāpayām āsa, daśa-sahasra-dinärän samarpayam asa. "Il fait distribuer des dons par son ami. Il lui donne dix-mille dinārs." Notons en passant que pārśvāt et pārsve se rencontrent souvent dans le texte et surtout en fin de composé.
Une indication de l'origine moyen-indienne de l'ouvrage se manifeste dans l'emploi de l'expression yad-ṛcchaya au lieu de yathecchaya. P. 134: yad-rechaya gṛhnitaḥ; p. 150: śreṣthi yad-ṛcchaya... vilasati. Mlle Balbir traduit: "Prenez-en donc sans hésiter"; "Le marchand en jouit à sa guise." Ces traductions correspondent plutôt à yathecchaya qu'à yadṛcchaya. Dans le deuxième cas trois manuscrits, y inclus T que Mlle Balbir suit de préférence (cf. p. 15), lisent yathecchayā. Probablement yad-ṛcchaya est une fausse sanskritisation d'un original moyen-indien.
Mlle Balbir n'explique pas sa rendition de mangala dans mangala-sampūrṇām (!) kalaśam (p. 153.10) par "jasmin". D'après les dictionnaires, le sens "fragrance de jasmin" se trouve dans des kośa. On ne voit pas bien pourquoi mangala ne peut avoir ici le sens ordinaire de "chose auspicieuse".
P. 154. Le ministre menace de tuer Mangala s'il refuse de marier la fille du roi. Mangala pense: kim mudha ātmā nigamyate. Mlle Balbir traduit: "A quoi bon se tourmenter inutilement?" (cf. p. 67). Les préverbes ni et nis sont souvent confondus et probablement il faut lire ici nirgamyate, cf. R. Schmidt, Nachträge: "gam mit nis Kaus. auch: verlieren, einbüssen. Campaka 396. 484."
P. 158. Mandanā essaie en vain de séduire Somacandra. Somacandra lui pardonne sa faute et rentre chez lui: kṣamayitvāparādham Somacandraḥ svadhama gataḥ. Mlle Balbir traduit: "Demandant pardon de sa faute, Somacandra s'en fut chez lui." Pour le sens de kşamayati voir V.S. Apte's Sanskrit-English Dictionary (Part 1, Poona, 1957): kṣamayati "to beg pardon, forgive". Le dictionnaire de Pétersbourg donne "tolérer patiemment" en citant Rāmāyaṇa 5,49.11: tat sarvam kṣamayām āsa sakto'pi haripumgavaḥ.