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Nalini Balbir, Dānástakakathā. Recueil jaina de huit histoires sur le don. Introduction, édition critique, traduction, notes (Publications de l'Institut de Civilisation indienne fasc. 48). Paris, E. de Boccard, 1982. XXI, 259 pp.
Les Dānästakakathä(h) ou "Récits sur la huitaine des dons' illustrent les bienfaits qu'obtient le laïc en donnant au moine les huit objets suivants: résidence, lit de repos, siege, nourriture, boisson, remède, vêtement et bol à aumônes. Le plus ancien des manuscrits est daté sam 1491 (1434 ap. J.-C.). Les huit objets sont énumérés dans une gathā de l'Uvaesa mālā qui est citée au début du texte. Mlle Balbir en conclut que l'ouvrage a dû être composé entre les Ixe-xe siecles et le premier tiers du XVe siecle.
Le don est un sujet souvent traité dans les textes jains et on trouve des histoires relatives au don dans plusieurs recueils. Mlle Balbir fait remarquer qu'il n'y a que très peu d'ouvrages qui, tels que les Dānāstakakathāh, sont uniquement consacrés à ce sujet. Dans l'introduction elle étudie quatre recueils paralleles dont trois en sanskrit et un en vieux-gujarati. Ce dernier dont le texte est édité dans l'appendice I sur la base d'un seul manuscrit, est, selon Mlle Balbir, une traduction tantôt littérale, tantôt abrégée des Dānāstakakathāh. Les trois recueils sanskrits sont le Dānapradipa composé en 1442 ap. J.-C. par Caritraratnagani; le Dānaprakāśa composé en 1599 ap. J.-C. par Kanakakusalagani; le Dānadharma composé au début du XVIIe siècle par Punyakusala. Mlle Balbir est d'opinion que les Dānāştakakathāh soient la source à partir de laquelle se seraient développés indépendamment le Dānapradīpa et, ultérieurement, le Dānaprakāśa et le Dānadharma ou bien que les quatre recueils remontent à un original commun, ancien et extensif, qui a été condensé par les Danāstakakathah (cf. p. 36).
La popularité des Dānästakakathah est attestée par la présence d'un grand nombre de manuscrits. Dans l'introduction Mlle Balbir décrit les manuscrits qu'elle a consultés et distingue deux grands groupes. Le texte contient des stances composées en prakrit et en sanskrit. Vingt stances sont communes à tous les manuscrits. D'autres stances ne figurent que dans certains manuscrits ou sont propres à un seul manuscrit (cf. pp. 12-15). Plusieurs stances gnomiques se retrouvent dans d'autres ouvrages (cf. pp. 77-84).
Mlle Balbir suppose que le texte ait été composé d'abord en prakrit et elle suggere que le noyau en soit probablement constitué par des stances prakrites accompagnées par un développement en prose (cf. pp. 13, 35 et p. 195, note 4).
Bien que les Dānāstakakathāh ne soient pas un ouvrage étendu, le texte contient des traits grammaticaux caractéristiques et un nombre de mots spécifiquement jains ou comportant des nuances de sens inhabituelles. Parmi les premiers Mlle Balbir relève l'emploi du présent passif avec une valeur modale: impératif ou optatif.
Dans les trois dernières sections de l'introduction Mlle Balbir étudie l'enseignement religieux du texte, le rôle du merveilleux et le développement de la littérature narrative concernant le don.
L'édition du texte (pp. 113-163) s'accompagne d'un apparat détaillé énumérant les variantes d'une dizaine de manuscrits. Des mots qui ne se trouvent pas dans tous les manuscrits sont mis entre crochets obliques. La traduction (pp. 165-226) est pourvue de notes signalant des themes folkloriques, des lieux communs et des difficultés d'interprétation.
L'ouvrage de Mlle Balbir montre l'importance de l'étude approfondie d'un ouvrage qui, au premier abord, ne semble pas être très intéressant car des récits exaltant le don abondent dans l'Inde. La longue introduction qui occupe plus de cent pages est une contribution excellente à l'étude de la littérature narrative des Jains. L'édition et la traduction sont faites avec beaucoup de soin et il n'y a que très peu de passages que l'on pourrait interpréter d'une manière différente.
P. 173: "Et voilà qu'en regardant le pilote, - qui l'eût prévu -, il reconnut en lui Kurucandra, son ami d'enfance." Le texte lit: itaś ca Kurucandra-nämna nau-nāyakena bāla-mitrena so 'tarkitam drstah pratyabhijñātaś ca (p. 119). C'est le pilote Kurucandra, son ami d'enfance, qui, de maniere inattendue, le regarde et le reconnaît.
P. 186: 'Beau, paré, incomparable, un homme est partout entouré d'honneurs." Le texte a
Indo-Iranian Journal 27 (1984)