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JOHANNES BRONKHORST
L'INDE ET LE DIALOGUE DES KELIUIUNS
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«Etre en sanscrit comme en français, est copule aussi bien que verbe en connexion avec des choses signifiant «exister. "Je ne suis pas la matière" et "je ne suis pas" utilisent sont donc pas l'âme, ni indi
, est copule aussi bien que verbe en connexion avec des choses multiples. Les groupes - matière etc. - ne donc la même forme verbale (qui, en sanscrit, est souvent sous-entendue s'avère san
natiere" et "je ne suis pas utilisent sont donc pas l'âme, ni individuellement ni en conjonction, et l'idée de «je» e Veroale (qui, en sanscrit, est souvent sous-entendue s'avère sans objet. Toute cette discussion concerne le mot je dans la plutôt qu'employée) pour exprimer des sens très différents. Dans le pre-première phra
pour exprimer des sens très différents. Dans le pre- première phrase citée. Ce mot n'aurait pas d'objet, et correspondrait donc
akara parle de la négation d'une spécificité, dans l'autre de à une fausse notion. Le bouddhiste demande encore comment cette fausse la negation de la généralité. Les bouddhistes, pour soutenir leur doctrinel notion pourrait le gener, mais v utenir leur doctrine notion pourrait le gêner, mais Uddyotakara est sans pitié: si des notions
otada voulant que l'âme n'existe pas, se basent sur des phrases attribuées au
rases attribuées au fausses imitent des notions correctes, le bouddhisme n'a rien à offrir à ce
fausses imitent des notions conce Buddha. Parmi celles-ci se trouvent, nous dit Uddyotakara, "je ne suis pas lui qui n'accepte pas existence la matière, o vénérable, ni la sensation, ni la perception, ni les composi- Si la dernière ligne de ce passage
Si la dernière ligne de ce passage reste quelque peu obscure, 11 une s composi-
.. tions mentales, ni la conscience" et "toi, ô moine, tu n'es ni cette matière,
chose est claire: d'après Uddyotakara les phrases qu'il cite, et plus parni la sensation, Ini la perception), ni les compositions mentales, ni la con
ticulièrement le mot «je» dans la première, font problème. Il conclut donc science". La matière (rūpa), la sensation (vedaná), la perception (samjña),
son argument en disant:12 "Et on ne peut pas (dire que ces (phrases) ne les compositions mentales (saiņskāra) et la conscience (vijnana) sont, pour
sont pas la parole (du Buddha), parce qu'elles se trouvent dans le Sarvales bouddhistes, les constituants de la personne. L'âme, les citations le
onstituants de la personne. L'âme, les citations le bhisamava Sutra. C'est pourquoi celui qui dit que l'ame n'existe pas, vad disent, n'est identique à aucun de ces constituants. Cela ne signifie pas que l'encontre de la position de son ecole l'âme n'existe pas, ainsi que Uddyotakara l'explique aux bouddhistes.
Les phrases citées se trouvaient donc, d'après Uddyotakara, dans le yuyotakara critique ici les bouddhistes en suggérant qu'ils n'ont pas Sarvabhisamava Sútra. Pourquoi le dit-il, ayant d'abord suggere que correctement interprété leurs propres textes sacrés. Il joue ainsi le philo
bouddhiste veuille nier qu'il ne s'agisse de la parole du Buddha? En fait, logue sur un texte bouddhique, non pas par amour de la science, mais pour
les phrases citées ne se trouvent nulle part dans la littérature bouddhique justifier son propre point de vue. Pour comprendre plus précisément ce qui
ancienne qui nous soit parvenue, pour autant que je le sache, et c'est ce passe, regardons la suite. Se basant toujours sur les mêmes passages,
seulement le témoignage d'Uddyotakara qui nous fait croire qu'elles font Uddyotakara pose la question de savoir si, bien que les constituants de la
partie à son époque d'un certain Sarvabhisamaya Sutra. Ce sutra lui-même personne soient niés en tant qu'âme un par un, leur conjonction est l'objet de la notion de «je». La réponse est négative, parce que l'on devrait dire que la conjonction qui est l'objet de la notion de «je» est différente des cinq groupes - matière etc. - et que quelqu'un qui accepte une telle conjonction, différente des groupes, comme objet de la notion de «je», changerait la désignation: au lieu de câme il dirait «conjonction'.7 Et si l'on
8 NV p. 702 1. 14-15: athi vyaririktam, ekapraryayo na praproty ahamini na hi baacceptait que la conjonction qui est l'objet de la notion de «je» n'était pas
hugu ekafabdam paśyāmah/ différente de ses constituants, l'idée provenant du mot «je ne serait pas
9 NV p. 702 1. 15-16: na ca ripidiskandha ekatan samudiri va amd iry ahakiraunitaire. Car l'expérience nous montre que l'on n'utilise pas de mot simple
pruryayo 'rasmims tad iti prăprah 10 NV p. 702 1. 16-18: bhavatu mithyapraryayah kin no bidhyata iti? katham na
bidhyare yada samyakpruryayanukarino mithyapraryaya bhavanti/ na cdrmanam
anabhyupagacchata tathāgatadarśanam arthavarayam vyavasthapayirun sakyam/
'11 Doit on comprendre la partie yada samyakpraryayanukärino mithyapratyayi bhaNV p. 702 I. 12-14: athaikasah pratişedhena samuddyavisayo 'hankara iri, tathapi
vanti dans le sens "quand des notions fausses se construisent avec des notions corrūpidiskandhaparicakavyarirekena samudayo vaktavyo 'hartkaravisayah, tadvyati
rectes"? riktam ca samudayam ahankaravişayam abhyupagacchard sarna bhidyale
12 NV p. 702 1. 18 - D. 703 I. 2: na cedam vacanam nasi sanabhisamayasure Erwuyum abhyupagacchard samjila bhidvate ärmd samudaya itil
'bhidhånät/tasmär nästy ameri bruvanah siddhantam bidhata inil