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INTRODUCTION
C'est en juillet 1922, pendant la dernière semaine de mon séjour - le second - au Népal, que j'ai eu l'occasion de découvrir le Karma-Vibhanga. Le général Kaisar Sham Shere, un des fils du maharaja Chandra Sham Shere, esprit cultivé autant que tireur infaillible, s'était pris d'intérêt pour la chasse aux maouscrits ; ses rabatteurs lui soumettaient des manuscrits recueillis au hasard, et il avait la bonté de me les communiquer. Dans un des lots que j'examinais, j'aperçus un manuscrit d'aspect singulier, tracé sur une sorte de carton très foncé, de petit format, et plié en paravent, comme c'est le cas assez fréquemment pour certains manuscrits bouddhiques. L'écriture indiquait le XIV-XV° siècle. Je m'empressai d'examiner le colophon ; il donnait la date de 531 (ère Névare de 880 J.-C.) soit ThIO-LJ.-C., et le titre révélait un ouvrage inconnu Je le parcourus avidement, je fus frappé des citations et des rappels dont il fourmillait. J'exprimai le désir d'en avoir une copie. Le Rajguru (conseiller spirituel, préposé aux questions religieuses) Hemraj Sarman, dont je ne louerai jamais assez la science et l'obligeance, eut la bonté de surveiller et de reviser lui-même le travail du copiste. Un peu plus lard, tandis que j'étais au Japon, une lettre de lui écrite dans ce sanscrit élégant qu'il manie avec une aisance magistrale, m'annonçait la découverte d'un nouveau manuscrit du même texte, et bientot après j'en recevais la copie. Les deux manuscrits, tout à fait indépendants, se complétaient et se contrôlaient. L'original du premier (A) comportait 78 feuillets de paravent, mais le feuillet 49, recto et verso, était effacé. Au feuillet 61°, une stance de bénédiction indiquait seule qu'un nouvel ouvrage commençait sans aucune