________________ REVIEWS 211 M. Alsdorf ne se contente pas de retablir un texte correct pour ces strophes mais il discute aussi en detail les problemes qui resultent de la comparaison avec des textes paralleles en sanskrit et, avant tout, avec le Catusparisatsutra (CPS). Il nous avertit que la relation de la version palie avec les autres versions (M. Alsdorf parle de versions plus tardives) et, en premier lieu, le CPS ne peut etre definitivement determinee qu'apres une comparaison detaillee des textes entiers. Toutefois, il lui semble vraisemblable que la version palie est la plus ancienne qui soit conservee et aussi la source la plus importante des autres versions. Que la version palie soit plus authentique que celle, representee par le CPS, n'a pas de quoi nous surprendre, car celui-ci appartient au Vinaya des Mulasarvastivadin qui est "clos a une epoque tardive" (Lamotte, op. cit., p. 187). Il est regrettable que M. Alsdorf n'ait pas consulte les textes paralleles, traduits du chinois, par Ebbe Tuneld (Recherches sur la valeur des traditions bouddhiques palie et non-palie, Lund, 1915), M. Andre Migot, ("Un grand disciple du Buddha, Sariputra", BEFEO, XLVI, 1954, pp. 405-554) et M. Andre Bareau (Recherches sur la biographie du Buddha dans les Sutrapitaka et les Vinayapitaka anciens, Paris, 1963). Surtout ce dernier travail est de la plus haute importance pour l'etude du debut du Mahavagga car M. Bareau a traduit les passages paralleles des Vinaya des Mahisasaka et des Dharmaguptaka, Vinaya plus anciens que celui des Mulasarvastivadin. Pour terminer qu'il me soit permis d'ajouter quelques remarques de detail a propos du Mahavagga. M. Alsdorf constate que la phrase anupahacca .... (Vin. I, pp. 24-25) est empruntee au Payasi-suttanta (corriger en D II 326.2 326 en 336). Il signale aussi que A. P. Buddhadatta a corrige la traduction fautive de ce passage par Rhys Davids. Deja Leumann avait bien interprete ce passage ("Beziehungen der Jaina-Literatur zu anderen Literaturkreisen", Actes du sixieme congres international des orientalistes tenu en 1883 a Leide, III, 2, Leide, 1885, p. 479) comme, apres lui, Neumann (Die Reden Gotamo Buddhos, II, Zurich-Wien, 1957, pp. 760-761) et le Critical Pali Dictionary (p. 198b). La strophe appam va bahum.... (Vin. I, p. 40, 24-25) se retrouve dans le Mahavastu III, p. 60, 20-21) et le CPS (ed. E. Waldschmidt, p. 378). Dans ce dernier le texte sanskrit est tres fragmentaire. D'apres la traduction tibetaine, le premier pada est retabli par M. Waldschmidt comme mahyam eva arthena karyam. M. Alsdorf remarque: "Das Tibetische hat in der Tat kho bo la ni don dgos kyi, aber allein sinnvoll ware doch mayham arthenaiva karyam! Irrtum oder Nachlassigkeit des tibetischen Ubersetzers?" Remarquons que le tibetain ne traduit pas eva et que l'ordre des mots en tibetain n'est pas necessairement le meme qu'en sanskrit. C'est pourquoi je propose de retablir: arthena mahyam karyam (cf. Mahavastu: arthena mahyam kariyam). Les trois autres pada du CPS correspondent etroitement au texte pali mais dans un ordre different (les pada a,b et d du pali correspondent aux pada c, d et b du CPS). On ne peut donc pas dire que la strophe du CPS correspond a la strophe du Mahavastu ou les pada c et d sont tout a fait differents (cf. Alsdorf, p. 66). Dans une strophe qui se retrouve deux fois dans le CPS M. Waldschmidt a retabli a(mara)m (cf. Alsdorf, p. 67; CPS, pp. 380 et 384). Cette reconstruction ne repose pas sur la traduction tibetaine qui a rjes-su rtogs (anugatam?). Dans deux strophes, corrigees par M. Alsdorf, il garde la forme anupatte a l'encontre konnte Oldenberg..."!). Deux autres strophes en arya (Vin. I, p. 40, 24-25 et 33-34; cf. Alsdorf, pp. 64-71) ont ete signalees par E. J. Thomas (The Life of Buddha, London, 1927, p. 94, n. 1). C'est surtout Helmer Smith qui, a plusiers reprises, a etudie les strophes en arya du Mahavagga (Saddaniti, vol. IV, Lund, 1949, pp. 1161-1165; Les deux prosodies du vers bouddhique, Lund, 1950, pp. 38-40; Analecta Rhytmica, Helsinki, 1954, pp. 13-15). M. Alsdorf ne cite que le deuxieme de ces trois travaux. Dans une note (p. 52, n. 2), il declare que, a bien des egards, il ne partage pas les idees de Helmer Smith sur la metrique palie et moyen-indienne. Esperons que M. Alsdorf trouvera l'occasion de les soumettre a un examen systematique.