________________ 208 REVIEWS jainisme qui lisent le francais mais aussi pour tous les indianistes. En particulier, les specialistes du bouddhisme ont beaucoup a apprendre de cet expose lucide ou il est souvent question de problemes de la philologie bouddhique. M. Alsdorf commence par souligner l'importance de la comparaison du bouddhisme et du jainisme, deux religions nees dans les memes conditions et a la meme epoque. Il montre a l'aide de quelques exemples - phasu(ya), asaya, malavihara, tai - que la meme terminologie se retrouve dans les textes jainas et bouddhiques. Apres avoir brievement caracterise la litterature jaina et sa contribution a la religion, la philosophie et la litterature de l'Inde, M. Alsdorf esquisse son importance pour l'etude du prakrit, de l'apabhramsa et des langues dravidiennes. Ensuite il examine le probleme que pose la langue des textes anciens du canon et la possibilite de deceler les traces d'une langue pre-canonique, la veritable ardhamagadhi qui se caracterise par l's occidental comme seule sifflante, I oriental pour r et e au lieu de -o a partir de -as. Selon lui, la traduction ou l'adaptation linguistique des textes jainas en prakrit canonique a du avoir lieu longtemps avant le poncile de Valabhi au cinquieme siecle, probablement a l'epoque meme ou le canon bouddhique primitif etait traduit en pali. Le parallelisme avec les travaux de Luders sur la langue du canon bouddhique primitif est evident. Comme Luders, M. Alsdorf fait appel au temoignage des inscriptions d'Asoka pour determiner les caracteristiques des dialectes occidental et oriental. De meme que Luders avait decouvert un abl. sing. en -am en pali, M. Alsdorf en demontre l'existence dans un texte canonique jaina: Uttaradhyayana 23,46.1 Esperons que M. Alsdorf entreprendra lui-meme d'ecrire "Les considerations sur la langue du canon jaina primitif" qu'il considere comme une des taches les plus importantes des etudes jaina. En passant ensuite en revue les editions des textes canoniques jainas dont on dispose a present M. Alsdorf constate que, pour 21 des 48 textes canoniques, il existe des editions de style europeen mais que la plupart devraient etre refaites. M. Alsdorf attire l'attention sur les editions du canon publiees par les Sthanakvasin, une secte reformatrice du debut du dix-huitieme siecle, et l'interet que presente le nombre et l'ordre des textes dans ces editions. Il examine ensuite la valeur des commentaires en prakrit (niryukti et curni) et en sanskrit (tika) pour l'etablissement d'editions critiques. M. Alsdorf montre que des fautes metriques et des fausses sanskritisations temoignent du fait que, malgre une tradition orale et ecrite ininterrompue, les textes canoniques n'ont pas ete preserves de la deformation et de la corruption. Selon lui, il faudrait manifester encore plus d'independance a leur egard que l'on a fait jusqu'a present. M. Alsdorf s'etend plus en detail sur l'importance de la metrique pour l'etude de la chronologie du canon jaina. C'est surtout l'arya qui permet de determiner l'age relatif d'un texte ou d'un passage d'un texte: "les textes en arya sont ipso facto recents, des aryas a l'interieur de textes en metres anciens, ou bien en vieille prose, sont des adjonc 1 M. John Brough fait remarquer que l'on peut aussi expliquer des formes palies en -am comme dues a une erreur graphique, le scribe ayant ecrit -am au lieu de -a (The Gandhari Dharmapada, London, 1962, pp. 79-80). M. Alsdorf ne discute pas cette possibilite et s'appuie sur la tradition pour maintenir la forme visabhakkhanam (Uttaradhyayana 23,46). Pourtant il n'hesite pas pour corriger ailleurs le texte de l'Uttaradhyayana a l'encontre de la tradition (cf. p. 41 ou, dans Utt. 25,7, il propose de lire janna-jattha au lieu de jannattha). 2 A propos du pali bhunaha ou bhunahu M. Alsdorf remarque que Baburam Saksena a indique la bonne etymologie en 1936 (BSOS, VIII, p. 713). Deja H. Kern avait propose la meme etymologie, cf. Bijdrage tot de verklaring van eenige woorden in Pali-geschriften voorkomende (Amsterdam, 1886), pp. 52-53; Toevoegselen op 't woordenboek van Childers, I (Amsterdam, 1916), pp. 5-6. Kern avait aussi deja propose de lire muncantu au lieu de pamuncantu dans Jataka III, p. 179 (Bijdrage, p. 79; cf. L. Alsdorf, Die Arya-Strophen des Pali-Kanons, p. 24).